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Maybe Forever

Communiqué de presse
Meg Stuart, Philipp Gehmacher
Maybe Forever

Chorégraphie et danse : Meg Stuart, Philipp Gehmacher
Musique en direct : Niko Hafkenscheid
Dramaturgie : Myriam Van Imschoot
Lumières : Jan Maertens
Scénographie et costumes : Janina Audick
Musique et son : Vincent Malstaf
Assistante chorégraphie : Cigal Zouk
Création, 20h30

Deux êtres là. Meg Stuart et Philipp Gehmacher, pour un duo qui n’est pas seulement « de danse », même si l’un et l’autre, chorégraphes, écrivent avec les corps, leurs mouvements et parfois leur stupeur, des poèmes mobiles. Ainsi en serait-il de la genèse de ce projet commun : dans un studio (de danse) à Vienne, en Autriche, Meg Stuart et Philipp Gehmacher auraient, dix ans après leur première rencontre, commencé à improviser ensemble autour de l’idée d’un « corps contorsionné ».

Dans les refuges qu’ils s’inventent, les artistes se laissent parfois guider par des intuitions que la raison ne peut comprendre… De quoi intriguer, suffisamment. D’autant que l’art de Meg Stuart, qui excelle dans des situations expressives empreintes d’un sentiment de désastre, s’il se conjugue aisément à la vigueur tourmentée d’un Benoît Lachambre (dans le magnifique Forgeries, Love and Other Matters) ou s’il aiguise la présence expressive d’un Francisco Camacho (dans le récent solo Blessed), n’est pas, à première vue, en parfaite osmose avec le vocabulaire austère, minimal et épuré, que Philipp Gehmacher a développé dans ses propres travaux.

Derrière la rencontre entre deux artistes, qui ne sont pas là pour jouer leurs différences, une autre rencontre se fait jour. Une rencontre en creux, à tâtons, où deux êtres communs n’arrivent pas (n’arrivent plus ?) à fusionner, malgré les tentatives de touchers hâtifs, malgré des figures d’accouplement qui se délitent aussi vite qu’elles sont apparues.

Maybe forever. Le titre de ce duo évoque une chanson doucement désabusée. Guitare électrique et voix de velours. De fait, sans crier gare, un auteur-compositeur (Niko Hafkenscheid) s’installe sur scène. Ses mélodies, vaguement mélancoliques, évoquent de tendres paradis.
Accompagnement pour dérive de sentiments. La vie ne réalise que rarement les promesses qu’on se fait. « I take it back », je regrette… Au micro, Meg Stuart dresse la liste de tout ce que l’on peut regretter ne pas avoir accompli en temps et heure. Mais le temps fait son oeuvre. On ne peut se retourner en arrière, si ce n’est pour lancer en vain des bras-sémaphores à l’adresse de ce qu’on laisse derrière soi, bonheurs et amours inaccomplis, furtivement frôlés, fragiles et éphémères comme ces fleurs de pissenlit que la scénographe Janina Audick projette à l’arrière-plan, et qu’un progressif changement de lumière fait passer du noir et blanc aux couleurs vives de la nature.

C’est tout cela que raconte Maybe forever, dans la pudique discrétion des réminiscences, dans l’effleurement des gestes qui ne forcent aucun passage et s’abandonnent au temps comme il va.

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