Photographe de guerre depuis plusieurs années, Matthias Bruggmann part à la rencontre de la sauvagerie des hommes, du chaos et de la terreur. Haïti, Somalie, Irak, lieux de combats et de bouleversements politiques, sont ici le terrain de sa quête photographique. Dans cette ambiance délétère, il capte la transformation des paysages et souligne le caractère absent des hommes qui s’y agitent, presque vainement.
En donnant à voir une réalité somme toutes assez éloignée de notre quotidien, il veut toucher et témoigner. Mais la brutalité faite aux hommes et aux paysages, il l’exprime sans pathos, en mettant l’accent sur la recherche esthétique des images. On est plus du côté du constat d’un désastre que du côté de l’expression de la fureur des combats, avec les sentiments d’absurdité et de perdition qui dominent.
Pour exprimer la violence, pas de visages hurlant leur douleur ou de grimaces de fureur. Son regard maintient la distance, comme si le photographe était psychologiquement absent des scènes dont il participe au moins de par sa présence physique. Ainsi, dans certaines photographies de combat, le spectateur a le sentiment de participer à la scène du drame tout en bénéficiant d’une invisibilité confortable.
Même si Matthias Bruggmann déclare vouloir faire référence au langage de la photographie contemporaine, il respecte les règles du photo-journalisme dont il fait partie. Il n’a jamais recourt à la mise en scène ni au photo-montage. Pourtant, certaines compositions font implicitement référence au travail de recomposition et de mise en scène de certains photographes plasticiens. Tenterait-il de boucler la boucle ? Quand la photographie de mise en scène tente de simuler le fait réel et que la photographie de reportage tente d’évoquer la mise en scène.
En donnant une valeur esthétique à ses images, Matthias Bruggmann cherche à nous faire intellectualiser l’événement qui est fixé dans le cadre. En délaissant les passions pour le monde de la raison, il espère nous faire réfléchir sur ce que nous regardons. Sa démarche consiste moins à rechercher la photo qui va faire l’événement que la photo qui fait sens.
Liste des œuvres
Matthias Bruggmann
— Matthias Bruggmann, Haïti # 00827-8, 2004. Tirage pigmentaire sur papier archive. 100 x 150 cm.
— Matthias Bruggmann, Somalie # 2550, 2009. Tirage pigmentaire sur papier archive. 100 x 150 cm.
— Matthias Bruggmann, Irak # 5334, 2003. Tirage pigmentaire sur papier archive. 100 x 150 cm
— Matthias Bruggmann, Somalie # 1223, 2009. Tirage pigmentaire sur papier archive. 100 x 150 cm
— Matthias Bruggmann, Haïti # 1939, 2004. Tirage pigmentaire sur papier archive. 100 x 150 cm.
— Matthias Bruggmann, Somalie # 0439, 2009. Tirage pigmentaire sur papier archive. 100 x 150 cm.
— Matthias Bruggmann, Somalie # 1336, 2009. Tirage pigmentaire sur papier archive. 100 x 150 cm
— Matthias Bruggmann, Somalie # 0621, 2009. Tirage pigmentaire sur papier archive. 100 x 150 cm
— Matthias Bruggmann, Haïti # 8226, 2004. Tirage pigmentaire sur papier archive. 100 x 150 cm
— Matthias Bruggmann, Irak # 5434, 2003. Tirage pigmentaire sur papier archive. 100 x 150 cm
— Matthias Bruggmann, Somalie # 2532, 2009. Tirage pigmentaire sur papier archive. 100 x 150 cm
— Matthias Bruggmann, Somalie # 3558, 2009. Tirage pigmentaire sur papier archive. 100 x 150 cm
— Matthias Bruggmann, Haïti # 03717, 2004. Tirage pigmentaire sur papier archive. 100 x 150 cm
— Matthias Bruggmann, Somalie # 1792, 2008. Tirage pigmentaire sur papier archive. 100 x 150 cm
— Matthias Bruggmann, Somalie # 1814, 2009. Tirage pigmentaire sur papier archive. 100 x 150 cm