Ingénieur à la retraite, Michel Rey développe désormais son œuvre de photographe plasticien. Il présente dans l’exposition « Matière sensible », organisée par Le Corridor, ses photographies d’objets inanimés. Les séries de clichés, qui renouvellent le genre de la nature morte, s’intitulent Métastable.
Métastable de Michel Rey : de la fonctionnalité à l’esthétique des objets
L’origine du projet Métastable est le fruit d’un heureux hasard. Michel Rey retrouve dans sa cave quatre types d’objets abandonnés : des boîtes à biscuits en métal, des intercalaires de bouteilles de vin, des cartons peints et des livres.
Tous ces objets deviennent la matière première d’une recherche artistique sur la construction et l’arrangement, sur la mise en équilibre capturée par la photographie. Ce faisant, les objets retrouvent une seconde vie. Après avoir été délaissés dans un coin et déchus de leurs fonctions, ils deviennent objets esthétiques, objets de regards et de compositions artistiques.
La composition d’une nature morte « métastable »
Michel Rey s’engage dans un processus subtil de composition des objets. Il les empile, les imbrique, donnant lieu à un arrangement complexe qui inspire une sensation d’instabilité plus ou moins grande chez le spectateur. Le titre du projet est à cet égard révélateur : le terme « métastable » désigne en physique l’état de tension d’un système dont l’équilibre des éléments menace d’être perturbé par une variation quelconque.
Figer l’instabilité par la photographie
Mais l’œuvre de Michel Rey ne consiste pas seulement à arranger des objets, elle repose également dans la capture photographique de cette composition. En effet, le spectateur les découvre dans l’exposition au travers de tirages « fine art » et sous forme de Leporello — ces livres en accordéon ou frise.
Les amas de livres et de boîtes insufflent d’autant plus le sentiment d’une tension et d’une fragilité qu’ils ont été capturés sur le vif : qui sait si ces assemblages ne se sont pas effondrés une seconde après la prise de vue ? Le médium de la photographie traduit donc l’état éphémère de cette stabilité soumise à la pesanteur et menaçant de s’effondrer.