L’exposition « Territoire » à la galerie Jean Brolly, à Paris, dévoile de nouveaux tableaux de Mathieu Cherkit dans lesquels il poursuit l’inlassable représentation de son univers familier, prétexte à une exploration de l’intime et de la peinture elle-même.
« Territoire » : Mathieu Cherkit poursuit la représentation de son univers familier
Le territoire de Mathieu Cherkit, c’est le pavillon de banlieue familial dans lequel il vit et qui sert de sujet exclusif à sa peinture. Chacun de ses tableaux ouvre une porte sur une des pièces de cette maison, où la figure humaine est absente ou représentée de façon parcellaire pour mieux laisser la place aux objets qui les peuplent. Ce cadre résidentiel représenté de façon récurrente devient familier, mais cette familiarité se révèle rapidement parasitée par l’étrangeté.
Si, à première vue, les tableaux de Mathieu Cherkit ne donnent à voir que des lieux de vie où le léger désordre est celui de l’activité anodine et quotidienne, des pièces que leurs habitants viennent de quitter, de multiples motifs surprenants viennent contredire leur caractère ordinaire. Des détails subtils dans le tableau Tweet où un corps dont on ne voit que les jambes gît au sol, à côté d’un divan, et un ballon jaune flotte dans l’air, mais qui envahissent anarchiquement tout l’espace, jusqu’au surréalisme, dans celui intitulé The Wall où deux escargots font la course sur le plancher, près d’un feu de bois allumé, et où des tableaux finis, accrochés aux murs, côtoient des dessins éparpillés au sol et une toile en cours de réalisation, dont la peinture a giclé sur le mur.
Le territoire familier comme prétexte à l’exploration de l’intime et de la peinture elle-même
Figuratives, les peintures de Mathieu Cherkit sont pourtant parsemées de détails renvoyant aux codes de l’abstraction. Apparemment parfaitement réalistes, elles obéissent à un traitement de l’espace qui ne suit pas la logique du réel. Les règles conventionnelles et le réalisme sont abandonnés au profit d’expérimentations spatiales qui perturbent le regard. La représentation des différentes pièces constituant l’environnement familier du peintre devient ainsi, par le biais de singulières distorsions formelles, des portes d’entrée sur des microcosmes mentaux, intimes et oniriques, en même temps que le support d’une réflexion sur la peinture elle-même.