« Back to UK » : telle pourrait s’intituler cette exposition de trois artistes britanniques au travail emblématique de la création « post-YBA ». Au lieu d’affronter de façon directe et radicale les questions sociales et médiatiques, Mat Collishaw, James Hopkins et Richard Woods préfèrent aborder l’esthétique bourgeoise de l’intérieur, en s’appuyant sur ses codes et ses valeurs pour mieux en dévoiler l’étroitesse et la vacuité.
Dans la première salle, John Woods tapisse le sol et les murs de motifs à la fois classiques et dissonants : des scènes bucoliques grossièrement représentées, des imitations de parquets verts fluo, ainsi qu’une série de tableaux à l’exotisme de pacotille. Une façon de ridiculiser le faux bon goût des intérieurs bourgeois. L’atmosphère ainsi saturée par les détournements post-modernes crée une sorte de malaise, d’étouffement, ou amuse par son ironie.
Dans les deux salles suivantes, James Hopkins renverse les fonctions et le sens traditionnellement associés aux objets familiers. Par l’anamorphose et le trompe-l’œil, un seau devient le réceptacle d’une oasis, une échelle semble s’enfoncer dans le mur, un miroir ne reflète que les angles morts et un rocking chair reste figé à son point critique, à la limite de la chute. Ainsi se créent des états suspendus de la perception visuelle, ce qui confère aux objets une profondeur dont ils sont ordinairement dépourvus. Par exemple : la représentation de la famille Simpson est composée de pièces de plastique colorées et éclatées, qui ne forment une image que lorsqu’elles sont vues sous un angle précis.
Au sous-sol, Mat Collishaw met également les objets en mouvement en projetant sur eux des images vidéo. Chaque objet, de style néo-victorien, est animé par de courtes séquences : des fleurs qui s’épanouissent et fanent dans une boule de cristal, les aiguilles du temps qui tournent sur le coffre d’une pendule, des oiseaux qui gazouillent dans une lanterne, un paon qui fait la roue sur un paravent. Ces scènes, qui expriment toutes la vie et sa fragilité, confèrent au cadre étroit et lugubre du mobilier une dimension poétique.
Mat Collishaw
— When He comes, 2003. Vidéo-projection en boucle, bois, verre, laiton, corne.
— The Old Account, 2003. Horloge comtoise, vidéo-projection en boucle, bois, verre, laiton. 217 cm x 45,2 cm.
— Back to You, 2003. Vidéo-projection en boucle, bois, verre, fer. 161,6 cm x 62,5 cm x 46 cm.
— I like to get my Loving when I got it on my Mind, 2003. Vidéo-projection en boucle, bois, verre. 180,2 cm x 168 cm x 26 cm.
— Little Miss Chief by the Pool, 2003. Photo couleur, cadre doré. 38,5 cm x 43,5 x 8,8 cm.
— Little Miss Chief Surprised, 2003. Photo couleur, cadre doré. 60 cm x 55,5 x 9,5 cm.
— Little Miss Chief Reclined, 2003. Photo couleur, cadre doré. 43,8 cm x 48,6 x 5 cm.
James Hopkins
— Salvation Lies Within, 2003. Bible. 50 x 30 x 40 cm.
— Rocking Chair, 2003. Bois. 70 x 60 x 70 cm.
— Big Red, 2003. Bois, métal. 70 x 4 x 20 cm.
— Paradox Passage, 2002. Bois, miroir, peinture. 180 x 45 x 39 cm.
— Traverser, 2003. Bois. 190 x 4 x 32 cm.
— Fata Morgana, 2003. Baquet, miroir, sable. 27 x 25 x 27 cm.
— Spun Out Simpsons, 2003. Acrylique et plastique. 80 x 152,4 x 182,9 cm.
Richard Woods : Persistance rétinienne
— Logo No. 7(sol/floor), 2003. Émail sur bois. Dimensions variables.
— Floral Repeat No. 3 (mur/wall), 2003. Émail sur bois. Dimensions variables.
— Nice Life No. 1(mur/wall), 2003. Émail sur bois. Dimensions variables.
— Floral Repeat No. 4 (mur/wall), 2003. Émail sur bois. Dimensions variables.
— Floral Repeat No. 5 (mur/wall), 2003. Émail sur bois. Dimensions variables.
— Two Red and Black Birds, 2003. Émail sur bois. 120 cm x 90 cm.
— Black and White Lillies, 2003. Émail sur bois. 120 cm x 90 cm.
— Man climbing a Tree (Blue and White), 2003. Émail sur bois. 120 cm x 90 cm.
— Red and Black and Yellow Black Birds, 2003. Émail sur bois. 120 cm x 90 cm.
— Man climbing a Tree with unknown Statue (Black + White), 2003. Émail sur bois. 120 cm x 90 cm.
— Green and Red Bird 1, 2003. Émail sur bois. 120 cm x 90 cm.
— Black and White Grapes, 2003. Émail sur bois. 120 cm x 90 cm.