Communiqué de presse
Martine Menard
Martine Menard
L’infini artistique en ligne d’horizon
« J’aime… regarder à l’infini le blanc des nuages qui se forment et se déforment au gré du bleu du ciel… c’est peut-être là que je puise la force et la liberté de ma création » aime à dire Martine Menard, céramiste.
Il est aisé de se convaincre de cette liberté et de s’abandonner à cet « appel du large » en découvrant, dans l’ambiance exotique et raffinée de son atelier, l’étendue et la variété de son art : des sculptures, des vases, des coupes et moults objets inclassables.
Cette artiste ne se laisse enfermer dans aucun poncif et son parcours la pousse à larguer les amarres : n’a t-elle pas été créatrice de mode de tout premier plan (elle a notamment travaillé pour Balenciaga) ? Ses voyages la nourrissent.
Elle s’imprègne avec avidité et passion des techniques et des univers étrangers notamment l’Asie – avec une prédilection pour les expressions ethniques qui donnent une empreinte « primitive » à certaines de ses pièces. Les coulures de toutes les cultures m’habitent souligne Martine Menard qui écarte toute frontière entre arts de la table, design, sculpture et installation.
Devant une assiette, une coupe ou un vase, le visiteur a le sentiment d’accoster sur les rives d’un art (technique) non statique qui entre vraiment dans la vie quotidienne. Ses séries « empilées » déclinables en lamelles de faïence d’une incroyable finesse peuvent être perçues comme une sculpture, un objet ou une installation selon le désir d’appropriation et la démarche de l’amateur d’art.
Les influences de Martine Menard sont multiples. Elle se réfère à Sonia Delaunay, Hartung et Hantaï mais elle opère sa propre synthèse : elle retient de la première la force et l’intensité de la couleur, du second la gestuelle, du troisième la musicalité dans le traitement du relief.
J’écoute la terre scande cette femme sans limites qui oscille entre rigueur et liberté, le noir et le blanc, l’épure et le baroque. Ce foisonnement et ces paradoxes reflètent les goûts d’une artiste qui se retrouve aussi bien dans l’opéra que dans le land art.
Chaque pièce est une aventure qui démarre d’abord par sa source d’inspiration, souvent végétale, qui confère à sa technique une marque très personnelle. Pour ses vases céladon et porcelaine, elle utilise des empreintes de feuilles de lotus sur la terre, pratiquant ensuite sur l’argile des incisions et des inclusions.
Elle intervient ensuite avec ses mains, caressant et modelant la terre, puis joue avec différentes cuissons pour aboutir à un tremblement de la matière d’une intensité rare.
Le mouvement imprimé à certaines pièces semble figé, comme rivé à une éternité qui défierait le temps et ferait écho à Pompéi ou aux temples d’Angkor.
Elle s’inscrit dans l’archétype d’un geste que l’on retrouve dans de nombreuses civilisations à des époques immémoriales (l’art de la céramique est né avec l’invention du feu). Martine Ménard plisse et cisèle donc en orfèvre la matière : la terre et l’émail sont une seconde peau pour elle.
Designer, elle aborde d’autres rivages avec ses propositions récentes comme ses immenses vases métallisés noirs, plissés, en relief qui évoquent Mu, une Terra incognita, un continent mystérieux à explorer.
L’aventure de la couleur constitue l’ultime étape pour cette coloriste qui donne une importance capitale à ce qu’elle nomme le toucher de l’oeil.
Elle ne donne pas de nom à ses créations, ne voulant pas déflorer cette puissance poétique qui l’habite et qu’elle nous transmet avec grâce et légèreté.