Présentation
Sandra S. Phillips
Martin Parr
Élevé dans la banlieue londonienne, les Homes Counties, Martin Parr a toujours souhaité immortaliser ce qu’il observe. Soutenu par son grand-père, lui-même amateur éclairé, il commence sa carrière photographique très jeune, dans un contexte encore peu favorable à cet art.
Photographe du quotidien, de la vie réelle et des gens ordinaires, Martin Parr se nourrit d’écrits sur l’histoire de la discipline et devient un collectionneur invétéré d’ouvrages de photographies et de cartes postales, comme l’illustre l’ouvrage Le livre de photographies, une histoire, publié chez Phaidon.
Plus proche de la photographie américaine, il découvre les travaux de Garry Winogrand et Lee Friedlander, qu’il apprécie particulièrement. Mais c’est le photographe anglais Tony Ray-Jones, dont le travail captait les tensions entre tradition et modernité,
qui influencera son travail.
La carrière de Martin Parr débute dans le Nord de l’Angleterre, à Manchester, loin des images cosmopolites de la capitale. Martin Parr opte alors pour des sujets locaux et photographie les habitants et les vacanciers.
Les changements importants qui se produisent dans cette région industrielle retiennent particulièrement l’attention du photographe, lui permettant ainsi de commencer un nouveau travail sur cette société en mutation. Tout en s’intéressant aux coutumes et traditions présentes dans la région, il observe et analyse l’évolution de la société dans laquelle il vit.
En 1980, Martin Parr quitte sa région natale pour l’Irlande, où il résidera pendant deux ans. Il s’intéresse alors au mauvais temps et se consacre à cette thématique, qui obsède la population. Ses photos sont empreintes d’une nouvelle technique photographique, le grand-angle, permettant une profondeur de champ plus grande et une perspective plus large.
À son retour, il retrouve un pays bouleversé par les changements politiques et sociaux : Margaret Thatcher est
alors au pouvoir et l’Angleterre connaît de profondes mutations. Partagé entre sa fascination pour les vestiges de la société passée, plus douce à ses yeux, et le consumérisme angoissant, Martin Parr évolue vers la photographie couleur, son travail devient plus réactif. Très attentif à cette nouvelle société de consommation, il photographie la culture de masse et l’abondance dont jouit
la population, le tout avec un regard, sinon incisif, du moins critique.
En 1986, profitant d’une renommée mondiale acquise aux Rencontres internationales de la photographie d’Arles, Martin Parr commence à étudier le devenir de la culture européenne dans le monde, notamment à travers le tourisme, le voyage et les loisirs. Son travail a fait l’objet d’une importante exposition rétrospective à la Maison Européenne de la Photographie, à Paris en 2005.
L’auteur
Sandra S. Phillips est conservatrice en chef pour la photographie au San Francisco Museum of Modern Art.