L’exposition « La couleur tombée du ciel » à la galerie Patricia Dorfmann dévoile une nouvelle série de sculptures de Martin Mc Nulty, des objets aux formes indéfinies revêtus de paillettes qui s’affirme dans l’indécision et l’absence d’intention.
« La couleur tombée du ciel » : les sculptures entre kitsch et SF de Martin Mc Nulty
Le titre de l’exposition « La couleur tombée du ciel » fait écho aux paillettes qui recouvrent en une couche irisée toutes les sculptures de Martin Mc Nulty. Une poudre chatoyante qui renvoie à de multiples dimensions de la démarche du plasticien anglais. Evoquant une poussière stellaire qui se répand sur les concrétions informes aux allures de météorites, elle relie l’univers de Martin Mc Nulty à celui de la science-fiction, auquel appartient la nouvelle La couleur tombée du ciel de H.P. Lovecraft.
Ses reflets colorés évoquent également les visions générées par les drogues comme le LSD, et dessinent un pont entre la culture psychédélique et le caractère instable, indéfini et aléatoire de l’œuvre de Martin Mc Nulty. Rien en effet ne permet de déceler une ligne directrice entre les diverses pièces comme Le cœur, Pyramide II ou Yellow Ray. Une sculpture présente des courbes organiques tandis que l’autre est géométrique, l’une est naturelle, l’autre artificielle, l’une ne semble être qu’une concrétion d’une même matière, l’autre est un alliage de matériaux disparates.
Martin Mc Nulty dans la lignée de Cy Twombly, Tal Coat et Anish Kapoor
La pratique de Martin Mc Nulty ne revendique aucune des caractéristiques traditionnelles de la démarche artistique. Ses sculptures, posées à même le sol, dépourvues de socle, s’apparentent à de simples objets qui ne méritent pas de considération, des formes telles des fragments d’entités plus grandes qui sont encore animés de la force de leur explosion et prêts à se transformer davantage. Sa création ne suit aucune direction précise ni intention : chaque détail est le fruit du hasard, jusqu’à l’utilisation de paillettes, qu’il a adoptée lorsqu’il en a reçu un stock de façon fortuite. A la manière de Franz West, Eva Hesse, Cy Twombly, Robert Malaval, Tal Coat ou encore Anish Kapoor, l’art de Martin Mc Nulty se nourrit d’indécision, et d’un fonds bouillonnant d’inspirations qui empêche toute lecture péremptoire.