Marrella splendens

Lionel Sabatté
Marrella splendens

L’ancêtre commun de l’artiste, du scientifique, du mystique ou du philosophe est le sorcier chaman. Dans une organisation tribale, il est celui qui explique, invente, caractérise le vivant et son histoire. Pourquoi sommes-nous là, d’où venons nous, comment mieux vivre? Il produit et met en forme les connaissances, le rapport au transcendant, au symbolisme et à l’histoire du vivant.

Pour Henri Laborit (spécialiste du système nerveux et notamment éthologue) tous les êtres vivants sont soumis à un déterminisme sans faille. La domination et la reproduction assurent la survie de l’organisme. Une seule échappatoire pour l’être humain: l’imaginaire.

Le travail de Lionel Sabatté est une mise en forme d’un certain rapport à l’histoire du vivant. L’artiste s’intéresse aux théories de l’évolution, à la préhistoire et aux implications philosophiques des découvertes issues de la biologie.
Ses travaux utilisent des connaissances symboliques et scientifiques. Ils se réfèrent à une approche sensible de l’histoire du vivant, mais aussi à un rapport instantané empreint de pensée magique à la matière, et à l’accident comme tremplin de l’imaginaire.

«Marrella splendens» est le nom d’une créature qui vivait dans le fond des océans, il y a 500 millions d’années. Elle nous est parvenue sous forme de fossile. Cette créature symbolise pour l’artiste l’idée d’un dialogue à travers le temps, d’une remontée des profondeurs, métaphore de la pratique artistique. Lionel Sabatté présente dans cette exposition un ensemble de toiles, de travaux sur papier et de petites sculptures qu’il envisage comme une exploration structurée de sensations et ressentis, de dialogues avec la matière.
Ces dialogues sont physiques et visuels, ils jouent avec la vie propre d’une tâche d’acrylique, de rouille, de fientes, de débris de coquilles d’œufs, de peaux mortes ou de rognures d’ongles. Ils sont aussi mentaux et symboliques. Chacun d’eux possède une grande puissance d’évocation souvent liée au rapport au temps, à l’éphémère, à des notions d’impermanence, de transformation et de continuité. L’utilisation libre et spontanée des propriétés physiques et esthétiques de ces matériaux guide l’artiste dans sa création.

Ces toiles s’appuient sur les accidents d’une tâche de peinture pour construire et composer un espace ou des éléments réalistes (main, allumettes, gobelets, ombres) viennent structurer et baliser l’espace du rêve.

Les compositions de Lionel Sabatté sont autant de tremplins pour l’imaginaire que de petites expériences signifiantes de dérégulations poétiques et parfois ironiques.

Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Marie-Jeanne Caprasse sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.