Communiqué de presse
Marlène Mocquet
Marlène Mocquet
L’Ecole municipale des beaux-arts/galerie Edouard Manet présente à l’occasion d’une première exposition personnelle dans un centre d’art, une vingtaine d’oeuvres inédites de Marlène Mocquet. Cette jeune artiste se distingue sur la scène française émergente, par la singularité de sa peinture. Sans souci de démarcation, mais mue par une nécessité qui lui est propre, elle transcrit de toile en toile, un univers personnel, onirique et poétique, fantastique et inquiétant, mais jamais dramatique.
Ses paysages et ses intérieurs – des espaces scéniques réduits à l’essentiel – baignent dans d’harmonieuses et chatoyantes ambiances colorées. Ces étranges huis clos accueillent une faune bigarrée et éclectique aux yeux exorbités et à la bouche grande ouverte de stupéfaction, composée pour l’essentiel de petites filles à la robe rouge, de personnages schématiques et squelettiques, de nuées d’oiseaux menaçants, d’animaux hybrides et monstrueux. Leurs activités, tantôt mouvantes tantôt prostrées, restent aussi énigmatiques que dérisoires.
La peinture de Marlène Mocquet dérange tout autant qu’elle suscite la curiosité ; d’une part, parce qu’elle redonne corps à l’émotion, et, d’autre part, parce qu’elle ne cesse de jouer d’ambivalences plastiques qui provoquent tour à tour sentiments et jugements divergents : mal fait / bien fait, beau / laid, dissonant / harmonieux, raffiné / grossier, naïf / subtil. Elle réveille par ailleurs une vision caricaturale et romantique de la peinture, fondée sur l’idée reçue d’une relation indéfectible entre spontanéité, liberté, expression de soi et choc des coulures.
Marlène Mocquet laisse peu de place au hasard et procède avec une très grande aisance technique. Elle utilise sans aucune restriction les potentialités infinies de la peinture qu’elle mixte allégrement. Pour exemple, à l’opacité d’une matière épaisse répondent la translucidité d’un jus coloré ou la légèreté de la pulvérisation à l’aérographe. L’utilisation de la résine engendre un effet de glaçage qui outre sa brillance, lisse la surface tout en accentuant la matérialité de la touche. Enfin, elle fait naître de la chair de la peinture, ici et là , d’un glacis, d’une empreinte de pliage, d’une coulure, d’une tâche colorée ou encore d’un empâtement brossé, personnages et créatures improbables qui surgissent plein champ ou restent embusqués dans les replis de la matière.
Cette variété de traitements n’empêche en rien la cohésion stylistique de son oeuvre qui s’inscrit en filigrane dans la filiation du Symbolisme, de l’Expressionnisme, du Surréalisme, de CoBrA et de tout un pan de l’abstraction gestuelle. Les références nobles auxquelles font appel ses oeuvres, sont métissées par les apports d’une culture visuelle populaire qui convoquent aussi bien l’imagerie des mangas que celle de l’illustration.
Si les titres de Marlène Mocquet fonctionnent comme des légendes, pour autant ses oeuvres ne racontent rien et ne délivrent aucun message. Cependant, elles n’en sont pas moins signifiantes. Elles traduisent une relation émotionnelle au monde, à l’autre et au différent, faites de désirs et de joies, de peurs et de peines, de protections et de menaces d’attirances et de rejets. La petite fille à la robe rouge serait, dans une certaine mesure, l’alter ego de l’artiste ou de tout autre quidam, partagée entre l’observation et la volonté de compréhension d’une comédie humaine qu’elle indexe et dont elle est elle-même l’actrice.
Le vernissage se déroulera de 18h à 21h.
critique
Marlène Mocquet