Markus Schinwald
Markus Schinwald
En une dizaine d’années, Markus Schinwald a développé un univers fantastique fait d’animaux funambules, de prothèses métaphysiques, de marionnettes nerveuses etc., qui interroge autant notre monde-écran que ses fantômes contemporains.
Les nouvelles toiles de Markus Schinwald, exposées à la galerie Thaddaeus, sont en rupture visuelle par rapport à ses oeuvres plus anciennes dans lesquelles des visages peints et des instruments de prothèse étaient sujet du tableau. Ici les personnages se sont libérés de leurs attributs contraignants et par conséquent d’un poids psychologique. Ils s’inscrivent dans une composition toute autre puisqu’ils adoptent, de par leur dimension, la taille de figurines quasiment anecdotiques. Le fond monochrome évacue tout ancrage narratif, iconographique ou temporel dévoilant un contexte mystérieux dont seules émergent l’évocation de formes géométriques, de matières, de reflets ou de nuances. Markus Schinwald déplace son répertoire iconographique habituel : le carcan psychologique n’est plus incarné dans un objet physique identifiable mais de façon plus abstraite en recourant à une composition qui reproduit les conditions de cet enfermement mental.
Ce phénomène s’opère également sur les autres œuvres de l’artiste, notamment ses installations. Ses sculptures sont composées d’un mouvement d’horloger, emprunté aux cadrans ecclésiastiques du XIX siècle, lui-même circonscrit dans un cadre blanc. En perpétuel mouvement ils évoquent une chorégraphie répétitive. Les roues dentées, l’organe mécanique de l’arbre cylindrique et les éléments de mobilier en bois se substituent ici aux jambes et articulations des marionnettes ou des danseurs des créations antérieures de Markus Schinwald. Au delà de ces mécanismes, l’artiste limite ses dernières sculptures à une simple forme géométrique ; celle du rectangle. Ce dernier devient contour puisque les installations sont vides à l’intérieur ; elles rappellent en soi le motif de la fenêtre. Un jeu entre le vide et le plein s’instaure alors créant un dialogue symbolique entre l’intérieur et l’extérieur, entre introspection et extraversion. À travers elles apparaissent alors les peintures, ou des détails de celles-ci, qui permettent de poser un nouveau regard sur l’oeuvre de Markus Schinwald.