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Mark Rothko

De la formation aux influences, une monographie concise, toujours très illustrée, qui suit, par chapitre, l’évolution de la carrière du peintre américain Mark Rothko. Une petite collection bien pratique pour avoir un instantané objectif de la vie d’un artiste. Dommage qu’elle s’aventure peu au-delà de l’art moderne.

— Éditeur : Taschen, Paris
— Année : 2003
— Format : 23 x 18,50 cm
— Illustrations : nombreuses, en couleurs et en noir et blanc
— Pages : 96
— Langue : français
— ISBN : 3-8228-1819-4
— Prix : 6,99 €

« Des tableaux comme des drames »
par Jacob Baal-Teshuva

Mark Rothko (1903-1970) fait partie d’une génération d’artistes américains qui ont fondamentalement modifié la nature et la forme de la peinture abstraite. Sa vision avant-gardiste d’une peinture nouvelle est liée à une évolution stylistique de la figuration vers un langage abstrait essentiellement fondé sur le rapport actif entre le spectateur et l’œuvre. Rothko lui-même à décrit cette relation comme « une expérience totale entre le tableau et le spectateur ». Ses figures de couleur engloutissent le spectateur dans leurs espaces emplis de lumière intérieure. Rothko s’est toujours défendu de toute interprétation de ses tableaux. Loin de toute définition verbale, l’expérience du spectateur, la fusion sensorielle entre l’œuvre et celui qui la reçoit, était au premier plan de son travail : « Quel que puisse être le nombre des commentaires, ils ne sauraient expliquer nos peintures. Leur explication doit naître d’une expérience profonde qui s’instaure entre le tableau et le spectateur. La juste manière de regarder l’art est un authentique mariage des sens. Et dans le mariage comme en art, ne pas consommer est une cause de nullité. »

Rothko fut un intellectuel, un homme extrêmement cultivé. Il aimait la musique et la littérature et était très intéressé par la philosophie, en particulier par les écrits de Nietzsche et la mythologie grecque. D’après ses amis, il était d’un naturel difficile, profondément anxieux et irascible. Malgré son impatience, il pouvait aussi être plein de dévouement et d’affection. Rothko a été l’un des protagonistes du groupe de peintres américains qu’on nomme sommairement les expressionnistes abstraits. Ce groupe qui s’était formé dans le New York de l’après-guerre, pendant les années de la Dépression, s’est également fait connaître sous le nom d’école de New York. Pour la première fois dans l’histoire de l’art, un groupe de peintres américains est alors reconnu internationalement comme un mouvement de rang mondial. Beaucoup de ses membres, et notamment Rothko, deviendront des figures légendaires.

Les quarante-cinq années de la carrière de Rothko peuvent se diviser en quatre périodes: les années réalistes de 1924 à 1940, les années surréalistes de 1940 à 1946, les années transitoires de 1946 à 1949 et les années classiques de 1949 à 1970. Pendant la première période, et aussi pendant une partie de la deuxième, Rothko peint des paysages, des intérieurs, des scènes urbaines, des natures mortes et les Subway paintings, une série de peintures qui seront importantes pour son évolution ultérieure. La période de la guerre et de l’après-guerre est marquée par des œuvres de contenu symbolique reposant sur la mythologie grecque et des sujets religieux. Dans la période de transition vers la peinture abstraite, Rothko crée les Multiforms, d’où sortiront ensuite ses célèbres œuvres classiques avec leurs figures de couleur rectangulaires et floues.

Pour Rothko, les « peintures de la maturité » qui vont devenir caractéristiques de son œuvre et que l’on rattache généralement à son nom, allaient au-delà de l’abstraction. À travers elles, Rothko, pour qui « l’expérience tragique est la seule référence de l’art », entendait faire percevoir le tragique et l’extase comme les conditions fondamentales de l’existence. Leur propos était d’exprimer l’essence du drame humain universel.

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions Taschen)

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