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Mark Lewis

PMagali Lesauvage
@12 Jan 2008

La galerie Serge Le Borgne invite une nouvelle fois l’artiste canadien Mark Lewis. Il propose ici une réflexion sur le cinéma, en corrélation avec les enjeux esthétiques de la peinture et de la photographie.

Le travail de Mark Lewis, malgré une apparente immobilité, est un travail en mouvement. Que ce soit par les quatre photographies qu’il présente chez Serge Le Borgne, ou par ses trois récentes vidéos également visibles, l’artiste s’amuse à articuler cinéma et photographie en faisant jouer le regard du spectateur dans l’image.

Déjà, Windfarm, en 2001, était une œuvre paradoxale, consistant en un plan fixe sur des éoliennes en mouvement. Rush Hour, Morning and Evening, Cheapside (2005) était un travelling époustouflant, filmé la tête en bas, et donnant une sensation de mouvement vertigineuse.

Ses récentes productions filmiques (35 mm transféré sur DVD) engagent ce même intérêt pour le mouvement, expérimenté tant par l’artiste, au cours de la réalisation des films, que par le spectateur. Dans le tout récent Isosceles (3 mn10, 2007), la caméra tourne dans un lent travelling autour d’un bâtiment en forme de triangle isocèle. Petit à petit se découvrent les différents points de vue sur le bâtiment, qui, par la découverte successive de ses faces et la position centrale qu’il occupe, semble prendre vie.

D’une autre manière, Spadina : Reverse Dolly, Zoom, Nude (2 mn 55, 2006), par son plan «Dallas» (terme employé par les réalisateurs de reportage pour définir cette manière de débuter un reportage par un plan sur un bâtiment, pour situer l’action, procédé utilisé systématiquement dans la célèbre série Dallas), mime les tics de la réalisation cinématographique. Le long zoom avant vers l’immeuble, visible d’abord entre des feuillages, nécessite de la part du spectateur une extrême concentration, en forçant la tension du regard.

Autre détournement d’une technique cinématographique, le film Rear Projection : Molly Parker (Projection de derrière : Molly Parker, 4 mn, 2006) pose la question de «l’architecture conceptuelle du cinéma», en plaçant l’actrice immobile sur un fond d’écran, présentant un paysage changeant, comme sur un plateau de cinéma. Ici encore on retrouve cette contradiction entre cinéma et photographie (et plus largement peinture), non résolue dans les images de Molly Parker et du paysage, qui tout en étant immobiles, ne sont pourtant pas fixes.

Plusieurs photographies complètent l’exposition. Images « fixes », elles appellent cependant le mouvement, celui du regard qui se perd dans ces vastes plans. Reprenant certaines images des films exposés, notamment Isosceles et Rear Projection : Molly Parker, elles empruntent à la peinture une rigueur de composition extrême, élément essentiel de l’esthétique de Mark Lewis.

Mark Lewis
— Algonquin Park, Early March, 2002. Installation : projection mono-écran, super 35mm couleur. 4 min.
— Downtown Tilt, Zoom and Pan, 2005. Installation : projection mono-écran, super 35mm couleur sur support DVD. 4 min 16 sec.
— The birds. Location Photograph #3, 2004. Photographie couleur. 52 x 62 cm.
— Children’s Games, Heygate Estate, 2002. Installation : projection mono-écran, super 35mm couleur. 7 min 27 sec.
— Rear Projection (Molly), 2006. Installation : projection mono-écran, super 35mm couleur sur support DVD. 4 min.

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