Mark Lewis
Pour clore sa programmation de l’année 2013 sur la thématique de l’architecture et des liens étroits qu’elle entretient avec les arts plastiques, l’Espace de l’Art Concret propose un ensemble de films de l’artiste canadien Mark Lewis. Il a commencé à pratiquer la photographie, puis a réalisé des interventions dans l’espace public et se concentre désormais sur les possibilités qu’offre l’image en mouvement.
Il s’est intéressé en particulier aux films des frères Lumière, qui cherchent à décrire une action en exploitant au mieux la durée d’une bobine (quelques secondes seulement à l’époque). L’artiste s’inspire de moments ou d’états de la réalité qui nous entoure, déjà chargés d’une cohésion temporelle spécifique. Loin de tout effet spectaculaire, il travaille des séquences qui se prêtent à une perception cinématographique. Il privilégie ainsi les intrigues dénuées de narration, qui n’ont aucun caractère dramatique, hormis celui de faire apparaître le déroulement d’un temps donné. Elles se distinguent à chaque fois par une position ou un mouvement spécifique de la caméra sur une perspective urbaine.
Mark Lewis explore le langage cinématographique pour travailler sur l’image et sa réception, profondément transformée par le développement des nouvelles technologies. Il délimite le champ du septième art en pointant ses anomalies et ses non-dits.
Ses films n’ont ni début, ni fin et présentent très souvent des espaces urbains ordinaires, marqués par l’inachèvement ou l’abandon. Il utilise la vitesse et l’angle de prise de vue, les jeux de lumière, le cadrage et les mouvements de caméra, pour donner à ces lieux une intensité et une dimension d’étrangeté. Ce procédé a pour principal effet de brouiller le rapport entre l’identité du lieu et la perception du spectateur.
Dans Forte!, il filme le Fort de Bard, les montagnes et les rivières de la Vallée d’Aoste, depuis un hélicoptère. Il nous offre une vision aérienne de ce paysage qui révèle peu à peu le caractère grandiose et unique de cette architecture militaire. Le tout sans aucun son, comme toujours dans son travail filmique.
Dans North Circular, il s‘intéresse cette fois, à une friche industrielle en périphérie de Londres. Il nous présente ce bâtiment vide, en alternant vues panoramiques et zooms.
Le musée apparaît comme l’endroit le plus adapté à la contemplation silencieuse d’une œuvre, c’est également le cas pour les vidéos de Mark Lewis. Les conditions de projection de ses films échappent à la fois au dispositif traditionnel de la salle de projection et au format télévisuel. C’est un moyen supplémentaire pour l’artiste d’évacuer la dimension de spectacle et de susciter une activité méditative.
Il use de cette gestualité du regard, que proposent les pratiques cinématographiques, en créant des passages et des liens entre des fragments d’histoire et des images du monde contemporain.