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Mark Dion. L’Ichtyausore, la pie et autres merveilles du monde naturel

Des installations composées comme des cabinets de curiosités. Un goût flagrant pour l’histoire naturelle, les muséums qui l’abritent, les classements et classifications qui s’y réfèrent. Autour de l’idée de collection, Mark Dion accumule des objets hétéroclites qui bousculent les méthodes de conservation et radicalisent le système de muséification.

— Éditeur : Images en manœuvre, Marseille
— Année : 2003
— Format : 24 x 30 cm
— Illustrations : nombreuses, en couleurs et en noir et blanc
— Pages : 128
— Langues : français, anglais
— ISBN : 2-908445-81-6
— Prix : 30 €

Mark Dion, des histoires grotesques et sérieuses
par Natacha Pugnet (extrait, p. 9)

I. Introduction
Procédant à la déconstruction des représentations culturelles du monde naturel, Mark Dion interroge les relations que nous entretenons, aujourd’hui, avec ce monde. Son travail fait explicitement référence aux cabinets de curiosités, et se nourrit de l’histoire des musées. L’artiste collecte objets ordinaires et spécimens du vivant pour les organiser en des installations foisonnantes, dont le nombre des constituants défie tout examen exhaustif. Par le regroupement de choses aussi diverses que squelettes, animaux naturalisés et en peluche, végétaux, bocaux étiquetés et livres, il élabore des espaces complexes, conçus comme des microcosmes. Mark Dion détourne les méthodes et conventions des sciences naturelles et, partant, met au jour l’idéologie qui les sous-tend. Ostensiblement ironiques et chargées de références culturelles, ses mises en scène définissent le cadre de fictions scientifiques.

Polysémiques, les œuvres se répondent au point de tisser un réseau dont on peut difficilement tirer un fil. Mark Dion recourt au grotesque, entendu à la fois au sens commun de bizarrerie et dans un sens plus littéraire, de mélange des espèces et des genres, dépassant les catégories établies. La rigueur du discours risque d’être quelque peu déréglée dans sa tentative d’approcher au plus juste la pensée d’un artiste paradoxalement fondée sur le sérieux de l’entreprise scientifique et sur la mise à mal des conventions qui la gouvernent. À défaut d’une véritable taxinomie, nous pouvons tenter un classement, quitte à ce que celui-ci soit, à l’image de ceux qu’invente Mark Dion, parfois perverti.

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions Images en manœuvre)

L’artiste
Mark Dion est né en 1961 à New Bedford, Massachusetts, États-Unis. Il vit et travaille à Beach Lake, Pennsylvanie, États-Unis.

Les auteurs
Natacha Pugnet, critique d’art, enseigne à l’université de Provence.
Jean-Michel Mazin est directeur de recherche au Cnrs Umr, université de Poitiers.
Nadine Passamar-Gomez est conservatrice du musée Gassendi à Dignes-les-Bains.

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