L’exposition Bénin, l’art roi  à Art-cade, galerie des grands bains douches de la Plaine, à Marseille, rassemble les sculptures de Marius Dansou, Kifouli Dossou et Zanfanhouédé et les peintures, sculptures et installations de Dominique Zinkpè, quatre artistes béninois qui abordent les grandes questions sociétales contemporaines.
Bénin, l’art roi : Marius Dansou, Kifouli Dossou, Zanfanhouédé et Dominique Zinkpè
L’exposition « Bénin, l’art roi » inaugure un projet triennal estival qui vise à faire connaître la scène africaine émergeante et à lui permettre d’entrer en contact avec les acteurs privés et publics de l’art contemporain en France. Chaque été pendant trois ans sera ainsi organisée une exposition présentant les œuvres d’artistes confrontés à un marché local presque inexistant et à des conditions de création rendues parfois très difficiles par manque de moyens.
Chaque édition étant placée sous l’égide d’un artiste africain déjà familier du grand public, c’est Dominique Zinkpè qui parraine la première. Ses œuvres et celles de Marius Dansou, Kifouli Dossou et Zanfanhouédé ont en commun de conjuguer tradition et modernité pour mieux nourrir le débat sur de grands sujets sociétaux actuels.
Au Bénin, l’art entre tradition et modernité aborde les sujets sociétaux actuels
La pratique de Dominique Zinkpè aborde des médiums variés tels que le dessin, la peinture, la sculpture, l’installation et la vidéo. Une richesse plastique qui reflète un questionnement jamais satisfait, forcément multiple et complexe. Les figurines en bois sculpté peint comme Cour royale explorent le thème de la gémellité humaine sur la côte ouest-africaine et les multiples interprétations qu’elle revêt. A travers ce sujet, Dominique Zinkpè aborde également la question du déclin de cultures spécifiques. L’installation Globe qu’il a réalisée en 2017 est constituée d’une multitude de statuettes Hoho, des divinités anthropomorphes jumelles béninoises, figurines en bois multicolores qui sont suspendues de façon à former une masse ronde au-dessus d’un tas de pierres grises posé au sol. Cette représentation symbolique du globe terrestre rappelle que celui-ci appartient à tous les hommes mais que son partage n’est aujourd’hui pas équitable.
Les sculptures en fer à béton de Marius Dansou comme celles de l’ensemble intitulé Réservoir représentent des têtes surmontées de coiffes exubérantes. Inspirées à la fois par les clichés du photographe nigérian J. D. ‘Okhai Ojeikere et par des photographies de jeunesse de la mère de l’artiste, ces sculptures explore le caractère très codifié de la coiffure africaine, dans laquelle chaque tresse porte un message.
On retrouve également dans les sculptures en bois peint très colorées de Kifouli Dossou le dialogue entre tradition et modernité. Intitulées Le hibou et les deux chouettes, Les animaux ou encore Oiseau, ces œuvres surmontent des masques traditionnels de divers animaux sauvages. Les sculptures en bois et en métal de Zanfanhouédé Franck Zannou, bustes humains parfois sans tête bardés de clous, rendent hommage aux femmes africaines tout en symbolisant les expériences personnelles dont chacun doit se servir comme d’une armure, qu’elles soient bonnes ou mauvaises.