L’époque est trouble. Conflits, guerres, haines : il y a plus à l’Å“uvre que de simples sursauts d’humeur. Avec sa pièce chorégraphique A mon corps défendant, la chorégraphe Marine Mane s’empare ainsi des répercussions de cette violence sur les corps. Par la danse, elle explore le vertige assaillant ceux qui gravitent en zones troubles. Avec les mécanismes de compensation qui se déploient, pour garder l’équilibre ou s’en trouver un. Aux croisements de la danse, de la vidéo, du dessin, de la musique et du cirque, la pièce jongle également avec la sociologie et le journalisme.
A mon corps défendant de Marine Mane : les corps en guerre, en tension, et la danse
À l’origine de ce spectacle pour quatre interprètes, de Marine Mane, il y a des échanges avec quatre personnes vivants en contextes extra-ordinaires. La Syrie, entre guerre et exil. L’impasse meurtrière des territoires israélo-palestiniens. Les théâtres d’affrontements en République Démocratique du Congo. Et la jungle démantelée de Calais. Au fil de correspondances, par téléphone et internet, se dessinent les contours de plusieurs vies. Au carrefour des moyens d’expression et de création : la pièce bondit d’une histoire à l’autre. Traçant les contours d’une attente, d’une tension, de multiples stratégies de fuite et dérivations. Face à la violence qui dure, le plus difficile à endiguer, c’est l’anesthésie. La pièce A mon corps défendant occupe ainsi la zone qui se creuse entre submersion et insupportable. Là où s’ouvrent des exutoires, des stratégies de réponse, personnalisées.
Danse, cirque, vidéo, dessin, musique : un spectacle défensif et créatif
Depuis près de vingt ans, Marine Mane développe un travail chorégraphique sensible, tourné vers les situations extrêmes. Avec le corps comme interface de compensation, en première ligne des conflits. Violences physiques, violences symboliques : les corps absorbent les chocs, en gardent les traces. Développant des logiques de contorsion. Avec sa compagnie In Vitro, Marine Mane s’empare ainsi méthodiquement des dynamiques d’attaques et de défenses. Pour en faire un objet de catharsis : un objet de renversement. De la haine à la création : il y a tout un chemin à créer. Et chaque chemin est une entreprise unique. Le spectacle de danse A mon corps défendant scrute ainsi le parcours de la tension. De l’extérieur universel jusqu’au plus profond des corps individuels. Avec le mouvement et l’art comme réappropriation de son propre corps. Et par la danse, le cirque, la musique, le dessin, la vidéo, se construit ainsi une ligne de défense.