Communiqué de presse
Marie Voignier
Marie Voignier
Depuis quelques années, Marie Voignier déplace –au sein de ses films– la lisière entre la réalité et la fiction. Dans sa nouvelle vidéo L’Hypothèse du Mokele-mbembe (2010) tournée au Sud du Cameroun et co-produite par l’Espace Croisé et Capricci Films, elle part en quête d’un animal inconnu de la zoologie.
L’artiste accompagne Michel Ballot dans son périple. Juriste à Nice, il a renoncé à sa carrière pour endosser le rôle d’explorateur. Sa décision et son destin a priori incroyables participent à l’étrangeté du récit.
“Le Mokele-mbembe est décrit par les Pygmées comme une sorte de grand rhinocéros avec un très long cou, une petite tête et une large queue puissante, capable de renverser les pirogues. Certains Pygmées affirment avoir vu des empreintes de pattes munies de trois griffes dans le sol. Dépourvue de poils, la créature serait brun-rouge ou grise. Elle aurait une crête dorsale et n’émettrait aucun cri, bien que quelques témoins prétendent le contraire.
Cet animal terrifiant qui ressemble à un dinosaure est présent dans les récits des Pygmées Baka depuis plus de deux siècles. Cependant, son existence n’est pas reconnue scientifiquement.
Aucun spécimen, aucun squelette ni aucune dent n’ont à ce jour été portés à la connaissance des zoologistes, qui ne croient pas en l’existence de cette espèce autrement que sur un plan mythologique.
Michel Ballot est quant à lui convaincu que les récits de cette région de l’Afrique ont un fond de vérité et que cette bête existe bel et bien. Pour tenter de le prouver, il organise régulièrement des expéditions dans les zones où elle aurait été aperçue. En général, il part accompagné de deux pisteurs pygmées.
L’objectif de ces expéditions est double: d’une part explorer les territoires où le Mokele-mbembe a été aperçu, d’autre part aller au devant des Pygmées et collecter leurs récits. L’explorateur évolue dans un univers où la distinction entre ce qui est existe et ce que l’on fantasme n’est plus claire du tout, où le vraisemblable se mêle au légendaire, nous ramenant aux sources du mythe et de la fiction.
J’ai proposé à Michel Ballot de faire un film de l’une de ses expéditions. L’intention n’est surtout pas de prendre parti pour ou contre l’existence du Mokele-mbembe ou de parvenir à la résolution de cette question à la fin du film.
Je souhaite plutôt faire corps avec l’expédition menée par Michel Ballot, me mettre au service de sa recherche et suivre sa logique aussi loin que possible, jusqu’à ce que le spectateur puisse, en le suivant dans sa recherche et en écoutant les récits des Pygmées, imaginer la bête, la distinguer tapie derrière un buisson ou immergée au fond de la rivière. Le sujet du film n’est donc pas le Mokele-mbembe.
Le sujet du film est la croyance: la croyance d’un homme dans sa quête; la croyance des Pygmées dans cet animal; et la croyance éprouvée du spectateur.” Marie Voignier.
Ce film est mis en relation avec des oeuvres antérieures de l’artiste.