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Marie Bovo. Night drippings. Alicante-Marseille-Tokyo

Rêveries nocturnes. Photos inédites ou extraites de séries, prises de nuit par Marie Bovo, grâce à un temps d’exposition plus long. Ces photos de plage ou de villes semblent irréelles, indécises entre deux temps : le lever du jour ou le coucher du soleil ? Les lieux paraissent vides, dépeuplés… Seul brille l’éclat des lumières, naturelles ou artificielles.

— Auteurs : Cyrille Brunet-Jailly, Sébastien Planas ; préface de Jacques Bouille
— Éditeurs : Galerie Kamel Mennour ; Paris Musées, Paris / Collections de Saint-Cyprien, Saint-Cyprien
— Année : 2005
— Format : 21,50 x 27,50 cm
— Illustrations : nombreuses, en couleurs et en noir et blanc
— Pages : 64
— Langues : français, anglais, espagnol
— ISBN : 2-914171-22-6
— Prix : 20 €

Lire l’article sur l’exposition de l’artiste à Saint-Cyprien

Présentation
par Anaï;d Demir

Ciel ? Terre ? Mer ? À l’endroit ? À l’envers ? Les vues de Marie Bovo nous hallucinent. À peine distingue-t-on la ligne d’horizon, le jour de la nuit, l’aube du crépuscule et le clair de lune du coucher du soleil dans les paysages qu’elle nous propose. Pour sa première exposition personnelle à la galerie Kamel Mennour, l’artiste nous initie aux sensations frontalières et aux états-limites.

Intitulée «Borderline», sa dernière série photo et ses vidéos nous saisissent dans un entre-deux. Un no man’s land. Un temps suspendu où les astres viennent mettre les reliefs paysagers en lévitation. «Borderline»: un terme emprunté à l’univers psychanalytique pour un basculement onirique qui se joue environ toutes les vingt-quatre heures dans le ciel. Lune, Soleil et vice-versa. C’est à ces tours de passe-passe cosmiques et cette extase visuelle que Marie Bovo semble nous inviter. «Nuit et crépuscule» ou «coucher de soleil et clair de lune», le visiteur se fraiera une voie entre ces deux états. Sans doute perché sur les plus hautes calanques, cet oiseau de nuit joue depuis de longues années avec les habituels clichés et cartes postales du Sud. Des architectures vidées de leurs occupants, des territoires désertés, des rochers, Marie Bovo capture des scènes nocturnes auxquelles elle ajoute son propre temps de pause.

À travers les photographies et les vidéos de cette nouvelle série d’œuvres, les stéréotypes balnéaires de la Méditerranée sont une fois de plus frappées d’une inquiétante étrangeté. Irréels et atemporels, un vent mystique parcourt les panoramas de «Borderline». Pour l’exotisme facile, on repassera. On est constamment dans cette tension entre deux énergies qui viennent diviser l’image: diurne ou nocturne. Marie Bovo voile la mer pour en faire un terrain d’hypnose. Solide ou liquide, trouble ou limpide, claire ou opaque elle se revêt de mille et une nuances et passe d’un état à un autre selon les prises de vue de l’artiste.

«Borderline»: le ciel est tenu au même traitement. Nuit d’encre ou traversée par une émulsion pailletée, le firmament est sans cesse affecté d’une nouvelle densité et autres qualités atmosphériques encore inexplorées. Parfois dans ces paysages épurées, entre ciel et mer, entre jour et nuit, ombre et lumière, on distingue des bateaux aux allures spectrales. Et dans cet état intermédiaire, ce sas temporel dans lequel Marie Bovo nous infiltre, le rendez-vous du soleil et de la lune a-t’il eu lieu ? Sur un mode obscur ou enchanteur ? Tout dépend du point de vue.

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions Kamel Mennour —Tous droits réservés)

L’artiste
Marie Bovo est née en 1967 à Alicante, Espagne. Elle vit et travaille à Marseille.

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