L’exposition « Stances » à la galerie kamel mennour réunit des photographies et un film de Marie Bovo qui nous plongent aux confins de l’Europe, dans l’étendue enneigée des paysages russes.
Stances, une plongée photographique dans les paysages russes enneigés
La série photographique Cтансы (Stances) est le fruit de longs voyages en train effectués au cours de l’hiver 2017 par Marie Bovo à travers la Russie. Le titre de cette série, Stances (Position) renvoie à la démarche plastique dans laquelle elle s’inscrit, une recherche sur l’espace et le cadre que Marie Bovo avait débutée avec les séries Cour Intérieure et Alger, dans lesquelles elle captait des vues du ciel depuis des cours intérieures de Marseille et des vues de la ville depuis des fenêtres de chambres d’Alger.
La série Cтансы (Stances) est répartie entre deux groupes de photographies : celles prises depuis des portes des trains et celles prises depuis leurs fenêtres. À chaque arrêt du train, Marie Bovo a fixé le paysage qui s’offrait à son regard dans le cadre en profondeur créé par les portes ouvertes et le couloir qui y mène. A l’intérieur de ce cadre, rien de s’immisce entre l’intérieur et l’extérieur du train, entre le spectateur et les paysages hivernaux dans lesquels il est projeté.
La série Stances poursuit la recherche sur le cadre de Marie Bovo
Le second groupe de photographies montre au contraire des vues indirectes : prises à travers des fenêtres fermées des trains, ces images de paysages sont surmontées de l’inscription en russe « Не прислоняться » (Ne pas se pencher) en diverses typographies et sont déformées par des effets et reflets derrière lesquels elles n’apparaissent qu’en transparence. Ainsi les fenêtres sont ici à la fois le cadre et le sujet des photographies.
Le film Prédateur, La Danse de l’ours, projeté sur un cube à la taille de l’animal, s’affirme en contrepoint des immenses paysages immobiles, lisses et purs, comme dénués de présence humaine, des photographies de la série Stances. Le film, tourné par Marie Bovo en Russie en 2008, montre un ours brun enfermé dans une cage si étroite qu’il ne peut se relever et dans laquelle il ne cesse de piétiner. La caméra nous fait le témoin de cette situation révoltante puis s’éloigne, nous laissant face à notre responsabilité.