L’exposition « L’intime & le monde » au Centre Wallonie-Bruxelles à Paris, rassemble des installations de Marianne Berenhaut, des dessins de Sarah Kaliski et des peintures et d’Arié Mandelbaum, trois artistes dont les pratiques divergentes se rejoignent dans un parcours de vie commun, fondateur d’un œuvre où se mêlent intimité des corps et séquelles de l’histoire.
Les installations de Marianne Berenhaut sont marquées par l’enfance et la Shoah
Les installations de Marianne Berenhaut se nourrissent d’objets du quotidien récupérés ou chinés. Celle intitulée Le départ, réalisée en 1982, associe un landau abîmé par le temps, posé sur une échelle placée au sol, imitant des rails et, accrochés au mur, un tableau d’horaires de train et une photographie en noir et blanc montrant une femme à une fenêtre. Dans l’installation La rencontre, de 2013, Marianne Berenhaut a regroupé trois trottinettes en bois, de construction élémentaire. Deux d’entre elles, serrées l’une contre l’autre, font face à une troisième et sont liées à elle par un chevauchement de leur guidon.
Les objets rassemblés par Marianne Berenhaut sont ainsi mis en scène et en relation dans des installations désignées sous le titre général Vie Privée. Ils deviennent alors les acteurs de situations imaginaires et de récits que chaque spectateur peut recomposer. Entre humour et tragédie, ces œuvres sont toutes liées par des thèmes récurrents, liés à l’histoire personnelle de Marianne Berenhaut qui a perdu ses parents et son frère aîné dans les camps d’extermination nazis lorsqu’elle était enfant. Ses installations évoquent l’enfance, l’attente vaine et l’absence.
Les dessins de Sarah Kaliski et les peintures d’Arié Mandelbaum lient l’histoire du monde et celle de l’intime
Les dessins de Sarah Kaliski, elle aussi marquée par la Shoah puisque son père, mort à Auschwitz, a laissé sa mère avec ses quatre jeunes enfants, s’emparent de l’histoire du XXe siècle et des figures qui l’ont traversée, mais s’inspirent aussi d’éléments intimes et autobiographiques. Les tableaux Arié Mandelbaum témoignent également d’une vie marquée par la Deuxième Guerre mondiale. Caractérisés par un blanc qui domine la toile, ils en font surgir des portraits, des corps nus, des scènes historiques qui, par des touches de couleur aussi rares que troubles, télescopent telles des apparitions spectrales l’histoire du monde et celle de l’intime.