Depuis plus de 10 années de travail en collaboration, Maria Barthélémy et René Sultra développent un travail plastique interrogeant la nature de l’image, sur un mode à la fois ludique et réflexif.
L’utilisation des techniques numériques leur permet d’aller au delà de la perception naturelle de l’image sur écran, de la traverser pour voir et nous faire voir les micros unités colorées qui la compose.
Les artistes cristallisent cette traversée de la forme par diverses interventions sur l’image, en faisant par exemple trembler les pixels à la surface de l’écran. Ordinairement « camouflées dans le paysage », ils « imposent leurs vibrations » au regard et décomposent de ce fait sa vision d’ensemble pour le faire glisser dans la trame de l’image, le déplacer d’un niveau de représentation à un autre. Les artistes s’engouffrent ainsi dans les ruptures d’échelles comme dans de nouveaux possibles, d’improbables chemins de traverse : « Seul notre point de vue hors champ pouvait se jouer des ruptures d’échelles et des raccourcis ».
En l’occurrence, le titre de certains de leur travaux nous annonce que nous avons glissé dans la nanophysique, c’est à dire dans la dimension de l’objet pris à l’échelle de l’atome. Des formes colorées et ovoïdes, « simulacres d’images d’atomes », s’étalent du centre vers la périphérie, en un mouvement proliférant que ne contient aucun cadre. Ces formes hybrides sont obtenues à la suite d’une « coagulation du micro et de la micro » et télescopent sur la cimaise deux échelles de vision, la naturelle et la scientifique.
L’ellipse est énorme, qui nous fait lâcher les objets du monde pour nous placer devant un entre deux indiscernable de la perception, un devenir fluide de particules venu s’écraser sur le mur des apparences.