Le chorégraphe espagnol Marcos Morau, à la tête de la compagnie La Veronal, crée des pièces hybrides qui mêlent danse, théâtre, musique et essai philosophique. Après avoir questionné le bien et le mal dans Voronia, ou la perception historique du corps dans Siena, la compagnie traite désormais de l’impact des nouvelles technologies sur l’humanité dans le spectacle futuriste et dystopique Pasionaria.
Une dystopie futuriste sur la planète Pasionaria
On pourrait se croire devant la cage d’escalier d’un bâtiment tout à fait ordinaire, si, derrière une large baie vitrée, n’apparaissait pas une énorme planète. On prendrait presque les personnages qui évoluent dans ce décor pour des vigiles ou des cambrioleurs ordinaires, s’ils ne se déplaçaient pas de façon si surhumaine. Le spectacle nous plonge en effet dans un monde futuriste, sur une planète appelée « Pasionaria », où huit êtres se meuvent mécaniquement sur une musique électro-techno du compositeur Juan Cristóbal Saavedra. Leurs gestes saccadés et leurs mouvements robotiques rappellent ceux du break dance. Par moments, leurs corps semblent échapper à leur contrôle, à d’autres, ils s’effondrent comme par manque d’alimentation électrique. Ces pantins désarticulés ou androïdes sont-ils notre avenir ?
Pasionaria : une humanité dénuée de passion
Pasionaria représente les conséquences de notre mode de vie actuel, tel que le conçoit le chorégraphe Marcos Morau. Un futur où les êtres humains auraient perdu leur vitalité à force d’individualisme et de transhumanisme. L’univers lugubre du spectacle paraît ainsi aseptisé de tout affect, de toute passion, et par conséquent, d’humanité. Il ne demeure que de la main d’Å“uvre qui s’affaire sans relâche à passer l’aspirateur ou à manipuler des paquets de produits. Sonneries de téléphone, de portes ou d’autres objets capturent sans cesse l’attention des protagonistes devenus marionnettes. Manipulés par des forces extérieures, au lieu d’être mus par leurs désirs profonds, les humains de cette dystopie se confondent avec de simples robots travailleurs.