L’exposition « Le cubisme » au Centre Pompidou, à Paris, revient à travers trois cents œuvres et documents sur ce mouvement majeur de l’histoire de l’art moderne.
 « Le cubisme » : un mouvement fondateur de l’art moderne
Sous son titre neutre et concis, l’exposition « Le cubisme », première exposition consacrée à ce mouvement depuis 1953, a pour ambition de renouveler la vision qui en a été traditionnellement entretenue. L’objectif est notamment d’élargir l’analyse au-delà des deux inventeurs du cubisme, Georges Braque et Pablo Picasso, pour mettre en lumière le rôle de ceux qui ont poursuivi et enrichi leur démarche pionnière, comme Fernand Léger, Juan Gris, Jean Metzinger, Albert Gleizes, Francis Picabia, Marcel Duchamp, Robert et Sonia Delaunay.
En décryptant les concepts clefs, les procédures et les outils qui ont caractérisé le cubisme, l’exposition montre sa nature expérimentale et collective. Elle souligne la richesse et l’inventivité de ce mouvement qui ne s’est pas limité à la géométrisation des formes et au rejet de la représentation classique. Enfin, elle permet de comprendre combien l’esthétique révolutionnaire, les recherches radicales et l’énergie créatrice des artistes cubistes sont aux sources de l’art moderne.
Le cubisme, de Braque et Picasso à Mondrian et Malévitch
Le parcours, organisé chronologiquement, se répartit en quatorze chapitres qui retracent l’évolution formelle, par rebondissements, du cubisme. La première étape, puisant dans les sources primitivistes et marquée par la fascination des cubistes pour Paul Gauguin et Paul Cézanne, est illustrée par la nature morte Pains et compotier sur une table, peinte en 1909 par Pablo Picasso. On passe ensuite à une transcription analytique hermétique, de 1910 à 1912, puis à une version plus synthétique, de 1913 à 1917, marquée par le retour de la représentation et de la couleur.
La facette la plus révolutionnaire du cubisme comme l’invention des collages, des papiers collés et des constructions de Georges Braque, Pablo Picasso, Juan Gris et Henri Laurens, est représentée par les chefs d’œuvre de l’art du XXe siècle que sont Nature morte à la chaise cannée et Guitare en tôle et fils de fer de Pablo Picasso. Une salle consacrée aux critiques et aux poètes revient sur les liens du cubisme avec le milieu littéraire : on y retrouve des portraits les plus de Max Jacob et de Guillaume Apollinaire réalisés par le Douanier Rousseau et Marie Laurencin, et l’illustration et la mise en forme du poème La Prose du Transsibérien et de la petite Jeanne de France de Blaise Cendrars par Sonia Delaunay. La fin du parcours montre l’influence du cubisme sur ses contemporains comme Henri Matisse mais aussi ses héritiers comme Piet Mondrian, Kasimir Malevitch et Marcel Duchamp.