Par Marguerite Pilven
En photographiant les vacanciers anonymes dont le corps reprend avec nonchalance des poses de plage archétypales : femmes allongées s’appuyant sur leur coude, enfants jouant avec le sable, l’artiste cherche comme un écho de cette période révolue.
L’élargissement du temps de pause ainsi que la prise de vue panoramique d’ensemble permettent au photographe d’opérer une mise à distance avec les événements qui se déroulent sous son objectif pour n’en garder que le mouvement global, glisser du plus proche et du plus tangible vers le lointain, l’impalpable. L’artiste se libère ainsi de toute contingence physique pour ne retenir que l’essentiel du souvenir : sa dimension affective, son pathos.
Ce rendu bougé, semi-liquide, donne à la photographie la douceur des réminiscences, ces souvenirs insaisissables que les sensations ravivent par flashs. La luminosité de la plage irradie également toutes ces photographies, provoquant un rendu vaporeux, quasi-pointilliste de la couleur.
La facture de ces images rend ainsi palpable ce travail de la mémoire que l’artiste ressent comme « fugace et vagabond ». La pellicule sensible fixe les traces des mouvements et le rendu photographique final ressemble à celui d’un film qu’on aurait ramené à un seul plan, dont on n’aurait gardé que la dernière strate . Cette construction de l’image souligne l’idée du temps qui passe et d’une perception du réel que viennent épaissir les souvenirs.
D’une année sur l’autre, la grande famille des estivants se rassemble pour rejouer ensemble le rituel des vacances. En les photographiant, Josse cherche en fait à retenir ce qui en fait l’essence si particulière.