ART | EXPO

Marc Desgrandchamps, David Lefebvre, Matt Bollinger, Taylor McKimens

23 Juin - 23 Juil 2011
Vernissage le 23 Juin 2011

Cette exposition présente quatre peintres qui marquent un renouveau de la peinture figurative où la question de la représentation est étroitement liée à sa fonction de mémoire du temps, des lieux, et des sens.

Marc Desgrandchamps, David Lefebvre, Matt Bollinger, Taylor McKimens
Marc Desgrandchamps, David Lefebvre, Matt Bollinger, Taylor McKimens

Marc Desgrandchamps
Depuis le début des années 1980, Marc Desgrandchamps construit une œuvre hors du commun. Figuratif à ses débuts (on pouvait y relever l’influence de peintres fondateurs de l’art moderne de Malevitch à Beckmann) et mettant en scène des personnages isolés, souvent en situation de crise, son travail a évolué en devenant au fil des années plus complexe, en s’ouvrant notamment au paysage animé de figures. Baigneuses, scènes de plage, serviettes flottant au vent sont des motifs récurrents dans ses toiles. Mais ces motifs ne sont que la partie la plus immédiatement identifiable de l’œuvre de Marc Desgrandchamps. Ses tableaux sont bien plus qu’une description d’une scène précise. Par le jeu des transparences et des coulures, l’apparition d’objets ou de situations inattendues, l’imprécision des scènes évoquées transforment ce qui pourrait être une représentation exacte en un ensemble fantastique. Le tableau devient le lieu de rencontre entre ce qui relève aussi bien du réel et de l’observation que du rêve et de l’imaginaire.

David Lefebvre
David Lefebvre réussit comme personne à représenter le temps. Il ne s’agit pas ici d’un temps «évènementiel» et de sujets «extraordinaires» mais du temps ordinaire dont on ne perçoit pas l’écoulement et de sujets «vus à la télé» ou «copiés collés» sur Internet: photos découpées dans des magazines ou prises par téléphones portables, vidéos déposées sur YouTube. Si les sujets traités sont insignifiants, le traitement pictural de ces images en «tableaux» fait de ces toiles des oeuvres d’art.

Matt Bollinger
En véritable cinéaste, Bollinger imagine le scénario et tient la caméra. Il a commencé par ses propres souvenirs d’enfance, à Kansas City dans le Missouri, des situations dont on sent bien l’exactitude. Des scènes plus ou moins narratives peuplées d’adolescents. D’un dessin à l’autre, Matt Bollinger met ainsi au point, de la manière la plus minutieuse qui soit, de véritables dispositifs où la lumière tient un rôle essentiel dans la construction de l’espace. D’une zone urbaine périphérique on retient l’immensité du ciel et d’un visage l’interrogation du regard. Tous ces détails, parfois infimes et toujours intimes, qui constituent des éléments clés de la mémoire ne sont pourtant pas mis à contribution pour tenter une «reconstitution» nostalgique de la vie de Matt Bollinger. L’artiste en use pour activer le développement d’un espace mental où, comme dans les rêves, dominent les sentiments d’inquiétude et d’étrangeté

Taylor McKimens
Comme dans les bandes dessinées de Jim Davis (le créateur de Garfield le chat à l’humour féroce) Taylor McKimens, dessinateur et peintre, s’est constitué son vocabulaire bien à lui, puisant à l’origine dans la mémoire de son enfance dans une petite ville du désert de Californie quelque part à la frontière du Mexique et de l’Arizona. De cet environnement d’une banalité désespérante, peuplé de cactus, de barils d’essence, de terrains vagues et d’épaves de voitures, il tire néanmoins l’essentiel des motifs emblématiques d’une «vie américaine». Chacune de ses oeuvres — sur papier, sur toile ou sur tout autre support — possède un caractère générique, associant la force synthétique du trait à l’aspect organique de la peinture. Ce traitement de l’image efface toute hiérarchie dans la représentation, qu’il s’agisse d’une mouche en vol, d’un ver de terre émergeant d’un trou, ou d’un individu. La figure humaine est, dans une forme d’indifférence des sexes, frappée d’anonymat. Comme échappée de quelque cartoon, elle n’a pas plus de présence matérielle que sur un écran de télévision. Taylor McKimens semble animer à lui seul chacun de ses personnages. Certains sont en mouvement, s’il le décide, d’autres semblent dans l’attente de ce qui n’arrive pas. Ils semblent exprimer le sentiment mélancolique d’un mal-être inexorable du genre humain.

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