Marc Desgrandchamps
Marc Desgrandchamps
Alors que l’exposition personnelle de Marc Desgrandchamps à l’espace 315 du Centre Pompidou (11 janvier – 6 mars 2006) se distinguait par la teneur allégorique de certaines scénographies situées sur fond de nature ou de bord de mer synthétique, l’exposition de cet été au centre d’art du Creux de l’Enfer (13 juin – 16 septembre 2007) marquait une évolution vers une thématique plus narrative (le jeu de volley ou le pédalo). Entre-temps la galerie exposait à New York en mars 2007 un ensemble de tableaux précurseur de cette évolution qui se poursuit dans la présentation actuelle où l’accent est mis sur des scènes de rues composées à partir d’évènements volontairement insignifiants.
Si, dans l’exposition new-yorkaise, la banalité avait droit de cité – non sans faire état d’un traitement recherché des surfaces (la robe d’une dame en noir par exemple) – l’exposition actuelle insiste davantage sur la dimension cinématographique et transitoire du mouvement. Les figures participent davantage d’un flux et entrent dans un continuum. Aussi faut-il leur prêter une attention redoublée. Ainsi dans un grand diptyque où une jeune fille à la robe bleue semble se déplacer de la droite vers la gauche du tableau, les fragments de corps de face, de dos et de profil résultent d’un déchirement et d’une dégradation des formes jamais aussi poussée précédemment. Il s’en suit qu’il s’avère impossible de saisir la scène dans son ensemble sans opérer un balayage du regard pour suivre chaque détail, chaque élément dans son déplacement.
Un aspect inédit de cette exposition est constitué par un ensemble de paysages urbains dont la dimension architecturale est beaucoup plus exclusive. En effet, nombre d’entre eux se caractérisent par une disparition totale des figures au profit des seuls immeubles tombant sans perspective particulière dans le champ de vision du spectateur. Et alors c’est par la conscience qu’ils donnent d’un excès de solitude, cherchant en vain la moindre trace de la présence de ces figures, qu’on découvre finalement comme une évidence celle de l’artiste lui-même, au cours de ses déambulations dans la ville.
Bernard Zürcher
Un catalogue est publié par la galerie à cette occasion.