— Auteur : Collectif
— Éditeur : Centre Pompidou, Paris
— Collection : 315
— Année : 2006
— Format : 17 x 22 cm
— Illustrations : couleurs
— Pages : 80
— Langues : français /anglais
— ISBN : 2-84426-292-9
— Prix : 18 €
Présentation
«Marc Desgrandchamps pratique «une peinture du doute», ce sont ses mots. «Doute de la figure, doute de la présence, doute même de la peinture.» Les amateurs de cet art en ont fourni différents commentaires: dérobades de la mémoire et même «érosion de la personne» pour Philippe Dagen; «déconstruction de ce qui est peint sur le tableau lui-même, opérant une suspension du sens» pour Fabrice Hergott. La problématique n’est pas nouvelle.
Ainsi, ma génération est celle qui a vu l’abstraction s’approcher au plus près de l’iconoclasme, avant d’assister à un revival de la figuration d’autant plus exubérant qu’il faisait appel à la citation, voire à la parodie, et à des greffes monstrueuses d’objets, d’outils et de procédés venus d’autres pratiques. Nous savons donc que s’intéresser aujourd’hui à la peinture nous met exactement dans la situation de ces théologiens dont Jacques Lacan disait qu’ils sont bien les seuls à ne pas croire.
Mais le doute de Desgrandchamps nous atteint d’une façon inédite. Il ne s’agit pas d’un dandysme, d’un jeu qui permet de perpétuer malgré tout ce que l’ironie met en crise. Tout au contraire, il s’agit de la conversion d’une position philosophique en une expérience sensible. De cette pratique attaquée de toutes parts depuis plus d’un siècle, «déconstruite» comme on disait à la belle époque du structuralisme, elle même encline à l’auto-examen, il est légitime en effet de douter. Mais généralement, ce doute reste une vue de l’esprit; nous nous rassurons facilement en voyant la peinture briller de ses derniers feux, et briller encore…»
Catherinne Millet
(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions du Centre Pompidou — Tous droits réservés)
Textes
Catherinne Millet, Jean-Pierre Bordaz