ART | EXPO

Marc Bauer/Dierk Schmidt

07 Juin - 21 Sep 2014
Vernissage le 06 Juin 2014

Le régime des images actuel peut-il être mis au défi par la peinture? Notre perception du temps qui passe et de l’histoire est-elle perméable aux sensations picturales? À travers des projets pensés spécifiquement pour le lieu, Marc Bauer et Dierk Schmidt montrent comment la peinture figurative peut représenter un événement dans un monde dominé par les médias.

Marc Bauer, Dierk Schmidt
Marc Bauer: In the past, only / Dierk Schmidt: Image Leaks et Broken Windows 3.0

Les deux artistes invités au Quartier, Marc Bauer et Dierk Schmidt, s’intéressent à la façon dont la peinture figurative peut représenter un événement. Le régime des images actuel peut-il être mis au défi par la peinture? Notre perception du temps qui passe et de l’histoire est-elle perméable aux sensations picturales? Comment la peinture d’histoire se renouvelle-t-elle au contact de différentes techniques? À travers des projets pensés spécifiquement pour le lieu, les deux artistes développent des approches singulières et critiques qui réfléchissent leurs conditions de production.

Marc Bauer est un artiste suisse qui fonde sa pratique sur le dessin en noir et blanc, en s’inspirant de différentes sources documentaires télescopées et filtrées par sa mémoire. Il s’intéresse à des événements qui appartiennent à l’histoire collective et qu’il confronte à des trajectoires personnelles. Son traitement pictural par transparences, recouvrements ou estompes fait émerger de nouvelles histoires de manière fragmentaire et elliptique. Parfois combinés à des textes, ses dessins produisent des effets de montage — au sens cinématographique — favorisant la projection mentale des regardeurs.

Son projet In the past, only s’appuie sur une résidence en Bretagne et sur des rencontres qui nourrissent sa connaissance du contexte. Marc Bauer invente des figures, parmi lesquelles un adolescent et une travailleuse de l’Arsenal de Brest, qui offrent une trame narrative à ses nouvelles séries de dessins. Ceux-ci sont réalisés à même le mur, sur papier, ou se déclinent sur des objets en faïence dont les formes sont autant de marqueurs temporels. En mettant en relief l’environnement culturel et social de ces personnages et leurs souvenirs intimes, il s’intéresse à la manière dont la culture populaire construit ses mythes et ses symboles.

Dierk Schmidt revisite la peinture d’histoire dans un monde dominé par l’information et les médias. Il s’intéresse particulièrement à l’histoire postcoloniale — largement occultée — et s’interroge sur le pouvoir de représentation des images. Ses projets de recherche, ancrés dans l’actualité, s’accompagnent d’expérimentations sur le médium pictural.
Son installation intitulée Image Leaks (fuite des images) fait référence à la marée noire de la plateforme pétrolière BP dans le Golfe du Mexique en 2010, plus connue sous le nom de Deepwater Horizon, et à la perte de contrôle de la compagnie sur sa propre image. Au mépris de la vérité, l’entreprise a tout fait pour rendre le pétrole invisible, non seulement en utilisant des agents de dispersion dans la mer mais aussi en prenant le contrôle et en manipulant les images prises sous l’eau. Dierk Schmidt utilise une peinture à l’huile dans laquelle il introduit du pétrole pour reproduire de manière diluée les logos détournés de l’entreprise trouvés sur internet, une compétition initiée par Greenpeace en vue de «redesigner» ou «polluer digitalement» le logo de l’entreprise. Il questionne ainsi la libre circulation des images dans un contexte néolibéral et leur potentiel critique.

Le projet Broken Windows 3.0 fait suite aux recherches de l’artiste sur les musées de Berlin (plus spécifiquement, le Neues Museum et la collection ethnographique), et sur la construction récente de l’histoire et de identité de Berlin par le biais de l’architecture et de la scénographie muséale. Pour l’exposition, Dierk Schmidt réalise des peintures sur verre et intervient directement sur le matériau, offrant ainsi un commentaire critique sur la mise en scène des vitrines et les objets ethnographiques. La vitrine devient un instrument d’optique qui examine les propriétés, leurs origines et le musée. Portant son attention sur des objets exposés susceptibles de favoriser un débat, Dierk Schmidt questionne les relations complexes du musée à ses collections et l’idéal de transparence véhiculé par leurs modes de (re)présentation.

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