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Maps and Legends

Le catalogue, conçu à partir des collections d’art contemporain et de photographie de la Banca della Svizzera Italiana, fait la part belle aux essais de critiques, d’écrivains, de scientifiques et d’artistes, rédigés à partir des œuvres, entre autres, de Franz Ackermann, Alighiero Boetti, Joachim Koester, Jonathan Monk ou Philippe Parreno.

Information

Présentation
Sous la direction de Luca Cerizza
Maps and Legends

Ce livre, publié par la BSI (Banca della Svizzera Italiana) dans le cadre de son programme artistique, relancé en 2005 par le commissaire italien et critique Luca Cerizza, s’inscrit dans une série de monographies recueillant les travaux préparatoires aux expositions, la documentation sur les œuvres, et des essais par des critiques ou les artistes eux-mêmes. Cette série entend contribuer au débat sur le commissariat, sur le rapport entre collections privées et publiques, et entre les artistes et les commanditaires.

Le catalogue est conçu comme une compilation de textes d’écrivains, de critiques, d’artistes et de scientifiques inspirés de travaux d’artistes ou de pièces issues de la BSI Art Collection. Les dimensions narratives et scientifiques on été privilégiées par rapport aux formes d’expression critiques ou aux analyses esthétiques, socio-politiques ou économiques.

On y retrouve des Å“uvres de Franz Ackermann, Alighiero Boetti, Marine Hugonnier, Joachim Koester, Deborah Ligorio, Jonathan Monk, Philippe Parreno, Kirsten Pieroth, Daniel Roth, Tomas Saraceno et Christopher Williams.

Extraits de «Cartes et légendes», préface de Luca Cerizza

«Dessiner une carte est une façon d’ordonner la réalité. C’est une tentative de représenter par des lignes, des contours et des couleurs le monde dans lequel nous vivons. Pour l’homme, c’est également l’une des possibilités d’étudier, de définir, de contrôler le paysage qu’il habite. Chaque carte est une construction symbolique, une représentation conventionnelle, voire un paradoxe, faite par les hommes pour les hommes afin de contrôler et de comprendre le monde dans lequel ils vivent. C’est une affaire d’ordre, d’orientation et de pouvoir : c’est probablement juste un mensonge que les hommes doivent accepter.
Chaque carte, sous sa forme traditionnelle, repose sur des conventions définies au terme d’un long processus de recherches, d’études et de mesures couvrant plusieurs siècles. Chaque carte est la visualisation de quelque chose que nous ne pouvons voir, que nous ne parvenons pas à comprendre à travers le regard. Chaque carte est l’abstraction impitoyable de quelque chose que nous ne pourrons jamais percevoir.

Cela explique aussi pourquoi les cartes naissent conjointement ou à cause d’une légende, d’une histoire, d’un récit. S’il est vrai qu’ »un bon symbole est un symbole qui peut être reconnu en l’absence de légende », il est tout aussi vrai que chaque carte est construite sur une « légende », au double sens des symboles qui la rendent lisible et des histoires d’où ils tirent leur origine. […]

Comme l’a déclaré Claudius Ptolemy : « Nul ne peut être cartographe s’il ne sait pas peindre ». Depuis toujours, d’ailleurs, les artistes et les cartographes, l’art et les cartes, ont été étroitement liés. Nous le savons : les artistes se confrontent au monde en l’explorant sous des angles faisant fi des conventions. Lorsqu’ils imaginent ou dessinent des cartes, lorsqu’ils s’intéressent à la géographie et au voyage, ils abordent le sujet avec un regard neuf. Ils utilisent des règles nouvelles.

Aux sièges de BSI à Genève et à Lausanne, ont été rassemblées des œuvres d’artistes de différentes nationalités, œuvres donnant des interprétations inédites et surprenantes de la géographie contemporaine et des façons de représenter et d’ordonner le monde. Par des approches et des langages personnels, ces artistes ont réfléchi à la possibilité de mettre en images une géographie politique, humaine et mentale.

Certains ont travaillé sur l’aspect plus strictement graphique, présentant des modes non conventionnels de mesurer des villes, des nations, des continents ou surtout des états d’âme et des émotions. Ils ont inventé de nouveaux schémas et de nouvelles mesures, ou bien détourné les règles établies pour créer de surprenants hybrides, comme si, redevenus enfants, ils jouaient avec un atlas, en bouleversant l’ordre et en suggérant de nouvelles lectures du monde.

D’autres artistes se sont concentrés sur ce qui se cache derrière une carte : le désir de découverte, le voyage, l’aventure, les divisions culturelles, sociales et politiques délimitées par ces frontières. Ils ont parcouru à nouveau, en pensée ou physiquement, les rues arpentées par des femmes et des hommes, poussés par le désir de dépasser les limites convenues, les frontières connues. Ils ont tissé de nouvelles trames, entre science et fiction, entre réalité et imagination, ne cessant de s’interroger sur l’existence réelle ou imaginaire de ces limites, sur le dépassement des frontières pour définir une autre réalité.

Certaines œuvres se présentent sous forme de cartes, d’autres de légendes. Quoi qu’il en soit, elles vont toujours de pair : les véritables voyageurs savent que les deux choses sont indissociables.»

Diffusion : Les Presses du réel

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