François Rouan
Mappes
François Rouan présente à la galerie Daniel Templon un nouvel ensemble de travaux – peintures et photographies – explorant la notion de paysage. Prenant pour point de départ les panoramas rocailleux de la région d’Engiadina dans les Alpes, ces oeuvres révèlent un paysage intérieur, fragmenté, géologique où l’épaisseur du temps se substitue à la distance.
Intitulée « Mappes », terme de vieux français rappelant les premières cartes marines, cette nouvelle série de huit grands tableaux se lit comme un voyage dans les profondeurs géologiques, mentales et culturelles du paysage. Elle révèle une réalité multiple, comme feuilletée, où des éléments de la nature se superposent à des empreintes de corps, l’ombre de lieux disparus ou les réminiscences de tableaux passés.
Les toiles sont construites par superposition : différentes couches en polyamide transparent sont peintes, plissées, découpées puis collées les unes aux autres. Elles dessinent un nouveau paysage mental, où le regard n’est plus attiré par l’horizon et les cimes, mais plutôt par les profondeurs de la terre. La montagne devient peau. Les chemins et les rochers deviennent des architectures abstraites. Des corps féminins disparaissent et réapparaissent. Les toiles se lisent comme des environnements mais résistent à une localisation géographique précise. François Rouan combine ainsi le temps long du paysage modelé par l’agriculture et l’histoire, et ses propres obsessions de peintre : l’effacement, la mémoire et le « tressage ».
Dans la petite salle de la galerie, François Rouan présente en parallèle un nouveau travail photographique, « Figure Paysage », réalisé grâce à sa collaboration avec Le Fresnoy, studio national d’art contemporain, basé à Tourcoing. Il s’agit d’un groupe de tirages uniques, au charbon, sur papier chiffon. Images ambiguës, elles développent en noir et blanc, des corps diaphanes allongés sur les toiles des « Mappes » en cours de construction. Le nu devient paysage. La peinture devient empreinte photographique.
François Rouan
François Rouan est né à Montpellier en 1943. Il vit et travaille à Laversine dans l’Oise. En 1961, il entre à l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris. Il expose à la Biennale des Jeunes de Paris en 1963. Proche de Balthus et intéressé par Lacan, il développe une réflexion sur le « tressage ». Le papier, la toile, les images, sont découpés et tressés. Pour lui, la signification est dans les interstices de la fragmentation. Sa première galerie à Paris est Lucien Durand qui l’expose en 1971. Il obtient la même année une bourse pour la Villa Médicis à Rome où il restera 7 ans. En 1974, il expose à la galerie Pierre Matisse à New York qui lui consacrera trois autres expositions en 1982, 1984 et 1988. En 1975, le Musée national d’art moderne de Paris présente la série des Portes . Deux autres expositions au MNAM auront lieu en 1983 et 1994. C’est en 1987 qu’il entre à la galerie Daniel Templon et montre la série des Babas et des Son pied la route. Viendront ensuite sept autres expositions : Stücke (1991), Portes (1993), Coquilles (1995), Mirótopos (1997) Os.suaire (2000) et enfin Ash Babies (2003). Son œuvre a fait également l’objet d’importantes expositions rétrospectives en musée : en 1994 à la Kunsthalle de Düsseldorf, en 1995 au Musée d’Art Moderne de Villeneuve d’Ascq, en 1997 au Sezon Museum of Art à Tokyo, en 2000 au Musée de l’Abbaye Sainte-Croix des Sables d’Olonnes.
En 2004 est paru « Voyage à Laversine », un échange entre le peintre et l’auteur Hubert Damisch (Editions du Seuil/Fictions et Cie). Son travail a récemment fait l’objet d’une exposition au musée du Louvre, en dialogue avec l’œuvre de l’architecte de la Renaissance Primatice. En mars 2005, François Rouan se livrera à un dialogue avec le peintre Simon Hantaï à travers une exposition présentée à la galerie Jean Fournier. Enfin, en 2006 le musée d’art contemporain de Toulouse, les Abattoirs, présentera une grande exposition consacrée à ses peintures, dessins et travaux photographiques.