— Éditeur : M19 (mouvement 19)
— Année : 2003
— Format : 21 x 15 cm (42 x 60 cm déplié : textes et illustrations au recto, reproduction d’une œuvre de l’artiste au verso)
— Illustrations : nombreuses, en couleurs
— Pages : non paginé
— Langues : français, anglais
— ISSN : 1625-2055
— Prix : gratuit
Présentation (extrait)
Les images de Moulène ne sont pas ce qui a lieu, mais ce qui fait lieu. Ce sont les lieux de la confrontation (mémoire, production, émotion, collectivité, commun partagé, circulation des luttes…), mais aussi de la disparition, à commencer par celle des signes qui permettent de conclure à l’existence et à la vérité. Restent les référents formels, les jeux et citations visuels à valeur d’usage photographique (et même cinématographique), masques plus vrais que les visages d’êtres chers, les fruits et les légumes, les objets de grève, les boîtes de conserves alimentaires, les plantes, les vues de villes et de villages endimanchés, réunis dans des cahiers soigneusement étiquetés.
Proche du degré zéro sur l’échelle de la narration, et à la dimension fictionnelle nulle, cette œuvre, si elle veut construire les regards, ne peut faire l’hypothèse de leur liberté. Les plus résistants d’entre nous à la propagande économique mondialisée, aux injonctions au bonheur du système marchand et même aux formes molles de l’art vivront, avec Jean-Luc Moulène, une expérience de l’exclusion. C’est dire combien nous avons perdu tout sens social (ou sens commun) au profit d’un sens du signe dont l’absence est telle que nous n’avons, soudain, plus de vocabulaire, que nous ne voyons plus, ou que nous voyons trop pour refuser que de simples fruits, un corps nu, une plante verte ne nous vendent rien, voire ne nous disent rien, où chaque image ou presque interdirait l’après qu’induisent habituellement les représentations.
(Texte publié avec l’aimable autorisation de M19 (mouvement 19))
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