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Manuel Alvarez Bravo

Développée durant huit décennies, l’œuvre photographique de Manuel Álvarez Bravo constitue un jalon essentiel de la culture mexicaine du XXe siècle. À la fois étrange et fascinante, sa photographie a souvent été perçue comme le produit imaginaire d’un pays exotique, ou comme une dérive excentrique de l’avant-garde surréaliste.

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Communiqué
Manuel Alvarez Bravo
Manuel Alvarez Bravo

Manuel Álvarez Bravo (1902-2002) est indiscutablement la figure tutélaire de la photographie mexicaine. Son œuvre fera l’objet d’une grande rétrospective au musée du Jeu de Paume en 2012.

Initié très tôt aux arts plastiques par son père et son grand-père, Álvarez Bravo interrompt ses études à l’âge de treize ans, époque où il reçoit en cadeau son premier appareil photographique. Il exerce différents métiers, en ne cessant d’approfondir sa technique photographique avec du matériel rudimentaire et en s’initiant aux courants et tendances artistiques de son temps. Dès 1927, il ouvre une modeste galerie dans son appartement de México où il expose notamment Frida Kahlo et Diego Rivera. Il est très vite remarqué par la critique internationale et se lie d’amitié avec de nombreux photographes dont Edward Weston, Paul Strand, Henri Cartier-Bresson. Car Manuel Álvarez Bravo incarne, à plus d’un titre, une forme exceptionnelle de cosmopolitisme artistique: son œuvre, bien que tout à fait personnelle, se nourrit parallèlement des grands courants et mouvements artistiques européens dont il suit attentivement les réflexions et avancées. Sa célèbre photographie La bonne renommée endormie fut d’ailleurs initialement choisie par André Breton pour illustrer la couverture de la revue surréaliste Minotaure… Partisan de la modernité, il passe d’une recherche à l’autre quand il lui semble avoir épuisé les voies d’une exploration. Formaliste, moderniste, réaliste, documentaire, sa photographie évolue en permanence, tandis que se construit une forme unique de poétique visuelle qui signe la puissance indémodable de son œuvre.

À bien des égards, une grande part de cette œuvre se lit comme l’exact miroir d’un pays et, plus encore, d’une civilisation. Du Mexique, il a tout exploré, tout montré, tout interprété sans jamais céder au pittoresque : des sites mythiques de la civilisation maya aux fresques muralistes, en passant par les drames de la révolution zapatiste, il a passionnément interrogé l’essence, la texture, la subtile alchimie d’un pays et d’une nation dont il dresse le portrait philosophique définitif. Manuel Álvarez Bravo incarne sans doute à lui seul la complexité envoûtante d’un Mexique qui n’a cessé de fasciner intellectuels et artistes depuis de nombreuses décennies. À son propos, le grand écrivain Carlos Fuentes a écrit: «Le génie d’Álvarez Bravo consiste précisément à donner un instant de repos à l’écoulement du monde, pour que ce soit nous, les spectateurs, qui lui restituions son mouvement.»

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