ÉCHOS
09 Juil 2009

Manifeste des présumés coupables. Pour la défense de la création contemporaine

PCommuniqué de presse
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C’est une histoire devenue (presque) ordinaire: des commissaires ont abordé avec tout le sérieux et la prudence nécessaires dans l’exposition «Présumés innocents» un sujet tout à fait légitime, l’enfance sous ses multiples facettes, comme le fait précisément l’art. Sans que personne ne s’en offusque. A l’exception d’une obscure association qui s’érige en porte-drapeau de la morale (chrétienne). Et que la justice s’acharne à suivre... sans relâche. Jusqu’à l’indescence.

Date de création : 09 juillet 2009
Date de clôture :   31 octobre 2009

Manifeste des présumés coupables

Nous sommes profondément surpris et choqués par l’annonce du renvoi devant le Tribunal correctionnel de Bordeaux de Marie-Laure Bernadac, Henry-Claude Cousseau et Stéphanie Moisdon, poursuivis depuis 2000 dans le cadre de l’exposition Présumés Innocents (au CAPC Musée d’art contemporain de Bordeaux) alors que le Procureur de la République a requis un non-lieu en mars 2008.

Au vu de la liste des pièces incriminées (Elke Krystufek, Gary Gross, Ines van Lamsweerde, Cindy Sherman, Nan Goldin, Ugo Rondinone, Marlène Dumas, Paul McCarthy, Carsten Höller, Robert Mapplethorpe, Eric Fischl, Mike Kelley, Matt Collishaw, Christian Boltanski, Cameron Jamie, Joseph Bourban, Wolfgang Tillmans), il s’avère que nous avons maintes fois montré ou reproduit ces mêmes œuvres ou des productions identiques, et que dans le cadre de notre profession nous entendons légitimement pouvoir continuer de le faire.

Ces poursuites sont fondées sur une seule hypothèse : ces œuvres auraient pu, comme le souligne le réquisitoire, être vues par des mineurs, ceci malgré tous les dispositifs d’avertissement soigneusement mis en place.

Faudra-t-il donc désormais priver notre jeunesse d’un accès à la culture contemporaine, alors même que la présence d’un mineur dans une exposition est généralement encadrée par ses parents ou des professionnels de l’enseignement ? Qui décidera alors de ces mesures de contrôle et de la limite du montrable ?
Faut-il considérer que les images de l’art sont dangereuses ou plus dangereuses que celles qui circulent librement dans la presse et les médias ?

Ce procès, unique en France, est une atteinte à la création contemporaine. Il touche plus fondamentalement nos fonctions, nos responsabilités, nos droits et nos libertés. La disproportion et le coût de l’appareil judiciaire en regard de l’absence de délit, ainsi que l’instrumentalisation de l’enfance opérée par une association supposée la protéger, sont autant de signes d’une dérive qui nous inquiète, que nous estimons indigne de la France et de sa politique culturelle.

Nous, responsables d’institutions de l’art et de structures d’expositions, diffuseurs, éditeurs, artistes, intellectuels sommes solidaires de nos collègues mis en examen, et demandons en conséquence à être pareillement jugés.

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