Madame, Monsieur,
Le Cipac, Fédération des professionnels de l’art contemporain appelle à manifester ce samedi 13 juillet aux côtés du SYNDEAC, de la CGT Spectacle et du PROFEDIM pour la sauvegarde de l’art et de la culture. Nous appelons les artistes, les membres des personnels permanents ou intermittents de toutes les structures, les élus de la nation, les spectateurs et au-delà les amateurs d’art et de culture à se retrouver et à participer au cortège :
— Ã partir de 11h30
— devant l’Office du Tourisme d’Avignon (41, cours Jean-Jaurès).
Malgré les promesses faites pendant la campagne présidentielle, les crédits 2013-2014 du ministère de la Culture, l’un des plus pressurés, baissent de plus de 7%. Cette situation est inacceptable et nous vous demandons de venir le dire avec force durant cette grande manifestation.
Par ailleurs, je vous invite à lire ci-dessous le «Discours à l’occasion des Festivals d’été» qui a été publié par les quatre fédérations dans Libération (8 juillet) et Le Monde (9 juillet).
Nous comptons sur votre présence.
Emmanuel Latreille
Président du Cipac (Fédération des professionnels de l’art contemporain),
Membre du conseil national du Syndéac (Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles)
Directeur du Frac Languedoc-Roussillon
DISCOURS À L’OCCASION DES FESTIVALS D’ÉTÉ
L’année dernière, nous avions décidé de ne pas intervenir pendant les festivals car, après un travail concerté avec le ministère de la Culture, nous avions obtenu des résultats. Nous voulions alors faire confiance, nous croyions encore dans les vertus du dialogue, dans les promesses du Président en faveur de ces biens communs que constituent l’art et la culture.
Un an plus tard, nous sommes obligés d’être là pour dire notre déception et notre exaspération. Si nous ne souhaitons pas mêler nos voix à celle de la droite libérale, nous sommes contraints de reconnaître que certains engagements fonda¬mentaux, pris pendant la campagne présidentielle en faveur de l’art et de la culture, ne sont pas tenus. Notre Ministère se bat, mais il est lâché par l’aveuglement de Bercy et l’absence navrante d’implication de Matignon. D’ailleurs, le Premier ministre ne nous reçoit pas, tout comme son prédécesseur. Souvent prompts à changer de point de vue en leurs pronos¬tics financiers, les experts économiques libéraux ne varient jamais en ce qui concerne l’art et la culture.
Symboliquement et idéologiquement, ils veulent que les artistes paient puis disparaissent massivement. Les plus durs de ces experts surmédiatisés souhaitent que le budget de la culture — le plus diminué en 2013 il ne s’affiche plus qu’à 0.7 % — soit ramené au montant défini avant la période de Jack Lang / François Mitterrand à 0.4 % ! Ils continuent d’affirmer que le système d’indemnisation du chômage des intermittents du spectacle a un coût trop lourd pour la communauté, ignorant toutes les récentes études favorables à nos propositions.
Alors que nous représentons un secteur fragile et précarisé, qui obtient des résultats remarquables, nous sommes les cibles constantes des cryptocomptables, en toute injustice, puisque tous les ministères ne sont pas traités de la même façon. En 2014, le gouvernement veut diminuer le budget de la culture de 2.8 %, après une première baisse historique de 4.1 % en 2013, le classant parmi les budgets les plus pressurés: de bien maigres économies pour de bien grands dégâts! Pour tenter d’arrêter ces pratiques inadmissibles humainement et inefficaces économiquement, nous devons réaffirmer plusieurs idées essentielles.
Les financements dédiés aux artistes n’ont pas été réindexés ou ont baissé depuis 2002. En 12 ans de gouvernance, les potentiels artistiques des structures petites, moyennes ou grandes se sont effondrés. La situation est devenue intenable pour les missions et l’emploi des équipes artistiques comme des établissements. Jetés dans le toboggan angoissant de la récession, nous finirons dans le chaudron infernal de la nouvelle décentralisation. Alors que les artistes défendent cette idée moderne et européenne, la Culture est absente de ces nouvelles lois.
Outre l’injure symbolique, nous pressentons un redoutable piège. Faute d’indications particulières, les départements et les régions, sans garanties de ressources financières, seront obligés de pratiquer des coupes drastiques, afin de satisfaire à leurs compétences obligatoires. Seront redoublées ainsi les conséquences néfastes, y compris sociales, engendrées par l’attitude de l’Etat dans notre secteur.
D’autre part, rappelons que le ministère de la Culture, le ministère du Travail et la commission de l’Assemblée natio¬nale à l’encontre de la Cour des Comptes, ont démontré que le système d’indemnisation chômage pouvait perdurer et que les prétendus déficits qui leur sont imputés n’ont rien à voir avec la réalité.
Il faut refuser la théorie du déclin et l’abandon programmé de l’art et de la culture. Il faut rejeter la politique de l’austérité qui entraînera un cataclysme économique, social et politique pour l’Europe. L’argent existe! L’Europe et la France ont besoin de réformes saines, positives, durables, justes. Nous avons des propositions concrètes pour ne pas être pris en étau entre, d’une part, la menace qui pèse sur nos droits sociaux, et, d’autre part, l’attaque des moyens de production :
— confirmation du dégel total de la mise en réserve 2013;
— rétablissement des crédits de « Transmission des savoirs et démocratisation culturelle»;
— prioritarisation et sanctuarisation du ministère de la Culture en 2014;
— exemplarité de l’Etat dans les garanties financières qu’il doit accorder aux Collectivités Territoriales pour qu’elles continuent de soutenir toute la Culture;
— vote d’une loi d’orientation et d’une loi de programmation pour la création;
— mise en place d’un vaste plan d’éducation artistique;
— prise en compte positive de la Culture dans les nouvelles lois de décentralisation (compétence générale et partagée, coresponsabilité de l’Etat et de toutes les Collectivités Territoriales en matière d’art et de culture, autorisation des financements croisés pour le fonctionnement comme pour l’investissement);
— aides à l’emploi adaptées au secteur culturel;
— réforme favorable du régime spécifique d’assurance chômage des artistes et des techniciens;
— défense d’une exception culturelle au niveau européen.
Si nous ne sommes pas entendus, nous appellerons à la mobilisation des artistes, des membres des personnels perma¬nents ou intermittents de toutes les structures, des élus de la nation, des spectateurs et au-delà des amateurs d’art et de culture. Nous demandons au plus grand nombre de parti¬ciper d’abord à la manifestation du samedi 13 juillet 2013, à partir de 11h30 à Avignon, à l’appel de la Fédération CGT du Spectacle, du SYNDEAC, du PROFEDIM et du CIPAC.
Nous nous trouvons à un tournant historique: soit le gouver¬nement procède aux réformes nécessaires et l’art et la culture seront sauvés pour des décennies, soit ses représentants rejoignent le camp libéral anglo-saxon et, refusant l’émancipa¬tion individuelle et collective, feront de notre pays un nouveau territoire sans originalité ni imaginaire, sans âme ni conscience.
Fédération CGT Spectacle – Fédération nationale des syndicats du spectacle, de l’audiovisuel et de l’action culturelle
SYNDEAC – Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles
PROFEDIM – Syndicat professionnel des producteurs, festivals, ensembles, diffuseurs indépendants de musique
CIPAC – Fédération des professionnels de l’art contemporain