ART | EXPO

Management des impressions

14 Nov - 03 Fév 2014
Vernissage le 14 Nov 2013

Déployant depuis quelques années un travail artistique basé sur l’utilisation et l’usage d’outils mécaniques qu’elle détourne de leur fonction, Joséphine Kaeppelin interroge par la même la prédominance de la machine dans le monde d’aujourd’hui et le fait que les hommes ne puissent plus en faire l’économie.

Josephine Kaeppelin
Management des impressions

Nous pouvons d’emblée évoquer Vladimir Tatline et sa notion «d’art-machine» pour aborder le travail de Joséphine Kaeppelin pour qui la machine est un associé, un collaborateur précieux. Sans elle il n’y aurait pas «œuvre». La machine, vu ici comme la définition première du Larousse: appareil ou ensemble d’appareils capable d’effectuer un certain travail ou de remplir une certaine fonction, soit sous la conduite d’un opérateur —ici l’artiste— soit d’une manière autonome, est donc une composante indispensable de sa production.

En réponse à l’invitation faite par MBDTCurators, Joséphine Kaeppelin déploie pour son exposition «Management des impressions» deux nouvelles productions ainsi qu’une sélection de dessins réalisés par manipulation du logiciel Microsoft Word et d’imprimantes.

Turn ON/Turn OFF, est un dispositif conçu à partir d’un détecteur photographique de mouvement à l’usage de l’observation et la surveillance du gibier. Le gibier est ici une télévision et par extension tout appareil qui nécessite une action: allumer/éteindre. Lorsqu’une personne s’approche de cette télévision, le détecteur enregistre une série d’images constituant un corpus visible ultérieurement sur le web. Cette œuvre questionne la relation que nous entretenons avec l’appareil et se focalise sur l’acte de la mise en route, sur le choix d’utiliser ou non l’objet.

Autre projet, Display se présente sous la forme de trois plaques de Corian® gravées faisant échos à l’actualité socio-politique de la France et plus précisément aux 34 plans de reconquête industrielle lancé par Arnaud Montebourg pour le redressement du pays. Sortis de leur contexte, ces éléments se prêtent à des interprétations multiples et révèlent les contradictions et l’absurdité entre ces énoncés et la réalité à laquelle ils se réfèrent.

Joséphine Kaeppelin est née en 1985 à Lyon. Elle vit et travaille à Strasbourg. Diplômée de l’école supérieure des arts décoratifs de Strasbourg, ses œuvres ont été exposées dans divers centres d’art et galeries, en France, Allemagne et Belgique.

Errances numériques

Considérant que la machine, «terme générique pour désigner tout outil technique», n’est pas seulement un «outil de retranscription fidèle du réel», Joséphine Kaeppelin pose un postulat de départ selon lequel le «médium mécanique» appartient de facto au domaine de la création du XXIe siècle, moins en tant qu’intermédiaire à produire que matière à une réflexion artistique ancrée dans une contemporanéité immédiate.

Sensible à la relation possible pouvant s’installer entre un produit mécanique et son usager, Joséphine Kaeppelin développe une démarche pragmatique, à travers laquelle l’utilisation d’outils numériques comme moyens d’accéder à une forme artistique, interroge la singularité, l’autonomie, l’intelligence et l’autorité des innovations industrielles de son temps. Hissant délibérément «ses» machines au rang de co-auteurs de son œuvre, Joséphine Kaeppelin prend ainsi acte de leur omniprésence à une époque où l’Homme, l’utilisateur, l’artiste comme l’entrepreneur et l’ouvrier ne semblent plus pouvoir s’extraire des modalités d’un monde séduit, si ce n’est conquis et contraint par une troisième révolution industrielle.»
Mickaël Roy, Mulhouse, 2012, texte en écho à la Project Room n°11 au CRAC Alsace (2012), Extrait

Vernissage
Jeudi 14 novembre 2013

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