Sans ‘h’, Orion est un chasseur géant de la mythologie grecque. Avec ‘h’, c’est un coup porté, plutôt sur la tête. Jouant sur les sons, la pièce chorégraphique de Malika Djardi, Horion, déroule le fil de ce qu’est un coup. Scansion, cadence, rythme, battement… Le duo de danseurs Nestor Garcia Diaz et Malika Djardi s’empare physiquement de la question. Avec humour, avec force, ils transforment alors le volume scénique, eux-mêmes inclus, en instrument de musique et caisse de résonance. Pour un spectacle gravitant entre concert live et danse contemporaine. Nus, mais entièrement recouverts d’un tulle blanc translucide, la sensualité des corps est pondérée par les grosses baskets des deux interprètes. Tutus-mantilles, les costumes accentuent la dimension charnelle. Car ce qu’il y a de commun entre Orion et l’Horion de Malika Djardi, c’est bien une forme de beauté un peu brutale, énergique. Entre saut et sursaut.
Horion de Malika Djardi : un duo chorégraphique, autour du coup
Coup d’envoi, coup de foudre, coup de rein, coup de poing, coup de main, coup de théâtre, coup de feu, coup foireux, coup de maître, coup de grâce, coup de barre, coup de bourre, coup d’éclat, coup d’état, coup de dés, coup de folie… De tout leur corps Nestor Garcia Diaz et Malika Djardi composent une sorte d’album live où les instruments auraient été remplacés par d’autres objets. Remplacés par des gestes et des corps, sur un plateau transformé en batterie géante. Avec la complicité musicale des musiciens Thomas Turin (alias Sitoïd) et Nicolas Taite (batterie). Ainsi qu’un clin d’œil au Ballet triadique (1922) d’Oskar Schlemmer, emblème d’une danse moderne (Bauhaus) prothétique. S’augmentant d’objets percussifs, le duo de danseurs livre une série de variations, comme autant de morceaux dansés, mimés et joués.
Entre concert live et danse, Nestor Garcia Diaz et Malika Djardi percutent les attentes
Séquentiel, Horion se découpe aussi comme une playlist : 1. Ursula, 2. Styx / 3, 3. Bijou Cochineal, 4. Cabaret Bataille (if I had a hammer), 5. Horion, 6. Gogodard, 7. Tipi. Contact rapide et brutal, répété ou non, Horion joue avec l’effet de surprise du coup, son effet d’entrainement. Allégorique et alternant les évocations, la pièce amorce autant qu’elle désamorce la tension. Par l’humour et une forme d’abstraction maîtrisée, la charge inhérente au propos déplace l’attention du côté du rythme, de son effet captivant. Le pouvoir (sensuel, guerrier) des rythmes saccadés n’est plus une découverte. Dans La République, Platon préconisait déjà , pour sa cité idéale, de bannir certaines catégories d’harmonies et rythmes, afin de limiter les incitations à l’indolence sensuelle. Avec Horion, Malika Djardi s’empare de la question, pour mieux livrer une pièce drôle et efficace.