Communiqué de presse
Guillaume Leblon
Maisons sommaires
Les Maisons sommaires de Guillaume Leblon envahissent le Domaine de Kerguéhennec. Sur chacun de leurs deux niveaux une trentaine d’objets géométriques en bois gisent, plus ou moins visibles. Entre elles deux, d’autres objets s’entrechoquent. Les uns en médium noir, comme les Maisons elles-mêmes, les autres en finition noyer, leurs formes appartiennent toutes au répertoire de l’équipement, division de la voierie, sous-division des canalisations enterrées. D’où l’impression que ces quelque trente cylindres, cônes symétriques, cônes asymétriques, pyramides tronquées nous sont familiers et inaccessibles à la fois, impression à laquelle concourt évidemment leur métamorphose de leur origine industrielle vers le tour de force artisanal, puis leur mise à distance : trop haut, trop loin (on ne touche pas).
Conçues pour cette exposition et produites par le centre d’art contemporain, les importantes structures des Maisons sommaires (6 et 9 m de long sur 2,50 m de hauteur et de profondeur) poursuivent et augmentent une œuvre antérieure de l’artiste, Développement. Elles ne lui donnent pas seulement une échelle monumentale, elles modifient considérablement la perception de l’espace d’exposition et elles confèrent un rôle différent à l’observateur. Penché sur les miniatures de Développement, celui-ci pouvait les prendre au creux de sa main et, là , les faire disparaître. Cette fois, c’est le dispositif qui absorbe le visiteur et qui le fait entrer dans une sorte de tableau métaphysique.
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Dans les autres environnements que construit Guillaume Leblon se trouvent souvent des sculptures rampantes, qui peuvent être de taille importante, mais qui restent discrètes de par leur nature indéterminée : soit résolument informes, soit rattrapées par une géométrie appliquée, rabotant leurs irrégularités et les transformant en sculptures prismatiques et comme pixellisées : en images de sculptures. D’autres travaux, encore, les Models in a Box, se lisent comme des modèles réduits d’expositions. Or dans ces prétendues maquettes, la sculpture a l’allure plus canonique d’un objet en majesté. Dans cet espace miniaturisé, elle s’impose, elle encombre, et la boîte lui sert de plateau, lui assurant visibilité accrue et portabilité. L’expérience est donc exactement à l’opposé de celle que l’on vit en circulant réellement dans les environnements à l’échelle du bâtiment. Là la sculpture est soit difficilement identifiable, objet d’importation, soit dissimulée dans un coin. Et c’est un peu le même phénomène qui se produit avec les films 16 mm de Guillaume Leblon. Ils sont donnés à voir dans des dispositifs qui les intègrent aux installations. Ils sont partie prenante du geste sculptural, et peut-être n’introduisent-ils que le mouvement et la couleur dans ces environnements hiératiques.