Après avoir fait ses adieux au Ballet de l’Opéra de Paris, la grande danseuse étoile Marie-Agnès Gillot se tourne vers des contrées chorégraphiques éloignées du classique, aux côtés de l’espagnol Andrés Marin, figure incontournable du flamenco contemporain. Leurs deux univers artistiques se rencontrent au sein du spectacle Magma, présenté au Palais de Chaillot au cours de la quatrième Biennale d’art flamenco. Pour canaliser leurs feux artistiques respectifs, le chorégraphe Christian Rizzo a dirigé la pièce.
Magma : un édifice chorégraphique volcanique
De hautes et lourdes parois coulissantes divisent la scène en différents sas. Leur couleur gris anthracite rappelle celle d’un magma solidifié. Froideur et austérité s’en dégagent. Loin de l’explosion ardente aux teintes flamboyantes que laisse imaginer le titre du spectacle, le décor de Christian Rizzo donne plutôt l’impression d’un certain calme après la tempête, en évoquant les couches de roches nouvellement formées après l’écoulement de la lave. Peut-être y a-t-il là métaphore du processus créatif engagé à travers la confrontation de la danse classique de Marie-Agnès Gillot et de la danse flamenco de Andrés Marin.
Christian Rizzo a en effet été sollicité pour diriger le projet seulement dans un deuxième temps, après que les deux artistes se sont rendu compte qu’ils avaient « trop de feu en eux », comme l’explique la danseuse étoile. Des effusions artistiques premières est finalement né un édifice chorégraphique volcanique. Le résultat est épuré et précis. Les deux danseurs, vêtus du même habit noir, emboîtent leurs gestes l’un dans l’autre, mêlant le classique au flamenco.
Magma : une fusion des différences ?
Dans le spectacle Magma, le ballet pointe son chausson dans le flamenco et le flamenco impose son rythme saccadé au ballet. Si les deux danses s’opposent dans leurs gestuelles et leur aura, toutes deux reposent sur un cadre de codes et de règles précis, qui permettent, une fois acquis, une liberté d’expression et de création. Le spectacle se fait la rencontre de ces deux sphères de liberté issues de la contrainte. Cela permet une exploration chorégraphique de la volonté de créer du commun à partir de la différence. « Qu’est-ce qu’être ensemble, que sont deux solos qui se croisent ? », se questionne ainsi Christian Rizzo dans sa direction du spectacle.