Anne Juren, Annie Dorsen
Magical
Horaire : 22h
― Performance : Anne Juren
― Magicien : Steve Cuiffo
― Musique : Christophe Demarthe
― Plateau : Roland Rauschmeier, assisté de Sébastien Bauer
― Lumière : Bruno Pocheron et Ruth Waldeyer
― Costumes : Miriam Draxl
A la base de Magical, il y a cinq performances fondatrices réalisées dans les années 60 par quatre artistes de renom : Martha Rosler, Yoko Ono, Marina Abramovic et Carolee Schneemann. Ces femmes découpaient leurs vêtements, sortaient des rubans de leur vagin, jouaient à la parfaite cuisinière, dansaient jusqu’à épuisement ou se livraient à des rites dionysiaques avec saucisses et poulets crus.
Anne Juren et Annie Dorsen ont décidé de réinterpréter ces performances : les refaire en les détournant radicalement de leur contexte culturel. Qu’est-ce que cela change ? Tout, ou au moins beaucoup. Les performances originelles étaient politiques, inspirées par les mouvements féministes et gauchistes. En les intégrant dans le cadre spectaculaire – la magie et ses illusions – Juren et Dorsen cherchent à voir ce que ces pièces peuvent nous dire quarante ans plus tard, quand le capitalisme a gagné et que le féminisme est devenu invisible.
Une des choses que nous apprend Magical, justement, en jouant avec la figure de l’assistante du magicien, potiche dénudée qui n’est là que pour mettre en valeur les numéros de Monsieur, et qui soudain prend son autonomie, c’est que le corps des femmes est dans une position qui reste contradictoire : libéré mais toujours marchandise, corps en lutte mais qui n’est plus supposé l’être.