Marcel van Eeden propose avec Machine/Machinery une sélection de travaux récents réalisés dans la veine graphique et picturale qui le caractérise. Il utilise depuis vingt ans un répertoire iconographique d’images du réel, qui se montre aussi étendu et ouvert que la réalité elle-même.
Marcel van Eeden aborde la réalité par le biais de la reproduction. Il sélectionne des images appelées à être archivées par leur capture graphique, qui sont sélectionnées avec soin à partir de vieux journaux, de magazines, de livres d’histoire, de manuels scolaires, de fonds photographiques ou encore de cartes postales. L’acte de création se manifeste dans son travail au niveau de la post-production, qui rappelle l’activité du copiste et du documentariste. Il se porte moins à inventer un univers imaginaire qu’à inviter le spectateur à une relecture du monde existant, indéfiniment multiplié par les images depuis l’entrée de la civilisation dans le cycle de la reproduction mécanisée. Le répertoire auquel s’attache Marcel van Eeden concerne toute image photographique ou toute illustration à condition qu’elle précède sa date de naissance, le 22 novembre 1965.
Arrangées en séries d’instants, compilation d’objets banals, scènes triviales, vues nocturnes, de voitures, d’armes, de paysages idylliques ou aussi bien d’animaux, de fleurs, de roses ou de nourriture, le tout indifféremment et selon un principe d’équivalence, certaines des plus récentes productions de la main de l’artiste se voient estampillées de la mention énigmatique «Machine/Machinery», intitulé qui donne à cette exposition son titre général. Les dessins colorés de Marcel van Eeden, à leur manière sibylline, cherchent à reconstituer le temps, le passé, la vie d’avant, restitution floue mais néanmoins suggestive. Leur mode d’être convoque l’histoire récente de l’art, et reste indissociable de concepts artistiques comme la répétition ou l’indice, une perspective conceptuelle sur fond de réappropriation warholienne de l’esprit de la « factory ».