Communiqué de presse Emilie Benoist
Machine-Å“il
Quatre mois après « Introduction : Bonne chance », l’exposition inaugurale de la galerie (EvaHober et deux mois après « Haché Menu », la première exposition individuelle de Michaël Schouflikir, c’est le travail d’Emilie Benoist que les visiteurs sont invités à découvrir. Comme le veut le programme de la galerie, chacun des sept jeunes artistes français qui y sont représentés vont comme Michaël et à partir de juin Emilie, se succéder au « Niveau 1 » tandis que six sont toujours présents au « Niveau –1 » avec un accrochage collectif.
« Machine-Oeil »il se compose de six nouvelles pièces. L’espace où elles sont présentées semble la matérialisation d’une chambre engendrée par le rêve, où la palette chromatique, les formes et la nature des objets se répondent pour créer un monde vivant extrêmement singulier. Le travail d’Emilie Benoist s’apparente à une forme particulière d’artisanat, qui s’affirme dans le recours à des matières pauvres, (ici le fil d’acier, de polyamide, d’élastique…) détournées de leur usage habituel, puis dans leur adaptation – nouveau détournement – au projet mûri par l’artiste, et enfin dans le lent processus de son élaboration.
Un cerveau d’enfant hérissé d’aiguilles, montrant la construction des connexions nerveuses, comme un fétiche voué à de la sorcellerie sans maléfice ; une boîte à musique surdimensionnée en même temps que machine à tisser : au rythme d’une tendre ritournelle, se dévident d’énormes bobines de fils colorés, dont certaines ont la forme des membres d’un très jeune enfant – la vie s’épanouit et simultanément s’écoule, tout comme le fil de l’histoire, Pénélope n’étant pas très loin.
À l’image des deux pièces qui viennent d’être évoquées, l’univers d’Emilie Benoist est résolument ludique, il puise dans l’enfance mais se nourrit de références scientifiques rigoureuses – par exemple, réplique précise d’un cerveau d’enfant, restitution de l’activité cérébrale d’un schizophrène, ou encore, reproduction d’un moteur obsolète aux allures de créature monstrueuse -, et de cette combinaison bizarre, traversée de clins d’œil au surréalisme, surgit une réalité détournée par l’absurde et le rire.
L’univers poétique d’Emilie s’offre à voir directement, il s’adresse au visiteur sans autre intermédiaire que sa propre sensibilité poétique, son imagination — facteur ici essentiel -, sa perception des couleurs, des formes et de leur matière, de la douleur et de la peur aussi, et on l’a vu, des sons. Il s’agit donc d’abord de ressentir, d’éprouver les reflets falsifiés d’une modernité poétiquement déréglée, de se laisser interpeller par les récupérations détournées de ses avatars industriels ou scientifiques, et enfin, d’appréhender le cycle triangulaire enfance, adulte, procréation, récemment expérimenté par Emilie.