Mohamed Bourouissa, Daniel Buren, Eugène Delacroix, Dan Flavin, Michel François, David Hominal, Alfredo Jaar, Ann Veronica Janssens, Anish Kapoor, Jannis Kounellis, Gustave Le Gray, Claude Lévêque, François Morellet, Miri Segal, Pierre Soulages, Michel Verjux
Lux Perpetua
«Que la lumière éternelle resplendisse sur eux.»
Introït du Requiem Aeternam
Dans une célèbre photographie de Gustave Le Gray, une plage, baignée d’un océan d’or liquide, s’éveille ensoleillée, comme au premier jour du monde.
Plus loin, un néon de Dan Flavin fend l’obscurité d’un éclair vif afin qu’il y eût, comme dans la Genèse, un soir et un matin.
D’un fil rayonnant de fibres optiques, Daniel Buren tisse quant à lui des voiles scintillants, pleins de la défaite du chaos face à l’esprit de géométrie, tout comme le Triple X de François Morellet ou l’installation verticale de Claude Lévêque.
Pour qu’il survive à l’oubli, Jannis Kounellis inscrit son nom en lettres de feu, tandis que Michel Verjux épingle notre ombre dans un cercle de lumière, comme des papillons de nuit affolés et déboussolés, pris dans les rais de la lanterne un soir d’été.
Nous oscillons en effet entre la force d’attraction, comparable à celle d’un trou noir, des toiles de Pierre Soulages, et l’éclat virginal de l’albâtre d’Anish Kapoor.
Dans un délicat fétiche, David Hominal ne choisit pas: «Ni le soleil, ni la mort.» Mais il arrive que l’obscurité triomphe.
Les ampoules de Michel François n’éclairent rien. Et en dépit de sa légendaire clairvoyance, l’Othello d’Eugène Delacroix, rattrapé par d’obscurs penchants, se consume d’une passion meurtrière pour celle qu’il aime; conclusion dramatique à laquelle Mohamed Bourouissa semble donner une image contemporaine dans une composition aux accents caravagesques.
Cette exposition dépeint le combat séculaire de l’ombre et de la lumière. De la chute et de la rédemption. De l’espoir et du désespoir. En souvenir du poète Giuseppe Ungaretti, Alfredo Jaar «s’illumine d’immensité».
Ann Veronica Janssens découpe un coin de ciel comme d’antiques augures y décelaient le présage d’un avenir radieux ou funeste. Le «futur parfait» s’illumine enfin dans une œuvre de Miri Segal.
La lumière, qui ne va pas sans l’espace et le temps, est la matière des artistes, lesquels luttent quotidiennement pour maintenir vivace l’étincelle de la création. Car l’art demeure un phare dans la nuit, une lueur dans les ténèbres. Un linceul d’immortels, une splendeur funèbre.
critique
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