Mirka Lugosi
Lutz
Cette exposition rassemble des œuvres sur papier de Mirka Lugosi dont la sourde teneur sexuelle entre en résonnance avec l’exposition de Dorothy Iannone qui a lieu au même moment à la galerie.
Avec le dessin, son medium principal, Mirka Lugosi semble illustrer toute la polysémie du terme «figure», désignant à la fois l’apparence extérieure (la figure humaine) et l‘abstraction intellectualisée (la figure géométrique). Les compositions graphiques sont en effet marquées par cette ambivalence esthétique qui met en tension réel et fantaisie, vérité et illusion, matière et concept.
Empruntant aux avant-gardes de la modernité (à un héritage surréaliste bien assimilé), à la culture fétiche comme aux représentations domestiques des années 1950, Mirka Lugosi ne fait pas de distinction entre les représentations collectives et les fantasmes personnels qu’elle mobilise.
Dans ses environnements, tous ces résidus psychiques en effet se confondent. La nature prend des allures érotico-chimériques, le décor se transforme en «paysage excentrique» ou «carnivore»? Peut-on lire parmi les titres? Où des figures humaines (des femmes fortes, dominantes et debout) s’hybrident avec des animaux ou des végétaux.
Si ces motifs opèrent un rappel clair au monde biologique, le traitement que Mirka Lugosi leur réserve est aussi empreint de significations psychologiques: des cordages emmêlés, récurrents dans ses Å“uvres, souvent à l’arrière plan, se présentent par exemple comme des nÅ“uds borroméens compliqués à l’absurde, figurant les méandres de la psyché.
Expressions simultanées du désir et de l’angoisse, plongés dans une atmosphère grise, les dessins ne sont jamais pour autant réellement noirs ou mortifères, comptant sur l’humour et le jeu pour conjurer les peurs et les violences qu’elle couche sur papier.
Florian Gaité