L’œuvre de Tadzio interpelle par son étonnante ambiguïté, il capture autant qu’il esquisse les arêtes et crénelures qui composent les lignes d’architectures, notamment par un travail sur le noir, et des choix d’angles souvent inattendus.
De la photographie à l’abstraction
Les fragments de réel qui composent ces clichés sont défaits de leurs effets de texture et de leurs couleurs originelles et apparaissent ainsi au spectateur comme des tableaux abstraits qui ne sont pas sans rappeler des artistes tels Ad Reinhardt, François Morellet ou Antoine de Margerie.
Ses clichés sont il le sombre reflet de notre époque ? Ce regard, comme une plongée au cœur de l’obscurité, nous amène à repenser le rôle de l’artiste, qu’il soit peintre ou photographe. « Donner à voir », nous dit Paul Eluard. Certes, mais « donner à voir » autrement.
L’architecture comme source d’inspiration
Né à Saint-Denis en 1975, Tadzio vit à Paris et travaille à Montrouge. Il découvre l’univers des mégapoles lors d’un voyage à Bangkok où le caractère impersonnel et écrasant des agglomérations asiatiques modernes l’interpelle. Depuis, il parcourt les villes, en quête d’architectures qu’il met en regard d’un monde en perpétuel mouvement.
Pour sa première exposition à la Maison Européenne de la Photographie, Tadzio propose une série de 16 images créées à partir d’éléments architecturaux contemporains. Ce travail, composé de clichés sous-exposés, est pour l’artiste une manière d’atteindre une forme d’abstraction.
L’auteur
Né en 1945, Daniel Abadie est historien d’art et auteur de nombreux ouvrages sur l’art moderne et les artistes contemporains. Il a été conservateur au Musée National d’Art Moderne, directeur du musée du Jeu de Paume et commissaire de nombreuses expositions.