Lumière noire

Tadzio
Lumière noire

Dans la série de photo «Lumière noire», Tadzio se sert d’éléments architecturaux pour composer une œuvre abstraite, dont l’extrême graphisme n’éclipse en rien la part de lyrisme. Ce travail de monochromie surprenant contribue à transformer les innombrables fragments du réel en étonnants tableaux abstraits où grâce à ses infimes variations de nuances le noir finit par révéler la structure géométrique, qui est l’ossature même du tableau.

La technique de la sous-exposition, systématiquement utilisée ici par Tadzio, est pour lui une manière d’atteindre une forme d’abstraction. L’artiste le formule en ces termes: il s’agit d’ «une façon de laisser penser que j’ai pu photographier un instant qui n’a pas existé, puisque les images sont faites en plein jour, mais laissent supposer une autre temporalité».

La lumière noire de Tadzio peut aussi faire penser à l’esthétique japonaise, d’abord par la pureté de ses lignes, mais encore parce qu’elles évoquent la notion de «ma», dans laquelle il n’y a pas de distinction entre le temps et l’espace. Pour l’artiste, chacune des images présentées à la Maison européenne de la photographie porte en elle cette idée d’un instant figé dans l’intervalle de deux objets: la bordure du bâtiment et le ciel infini.

Par ailleurs, la poésie qui émane de cette série provient également du dialogue que Tadzio instaure entre les différents éléments récurrents dans les photos de «Lumière noire», notamment entre matière et espace, pesanteur et légèreté, présence et fuite. La plupart des photos exposées, intitulées Architectures #, mettent en scène une dynamique et une force qui s’interrogent mutuellement et semblent parfois s’entrechoquer: la force gravitationnelle, capable d’ancrer un édifice de tout son poids dans un environnement, et la dynamique de la fuite, qu’ici les silhouettes architecturales dessinent à travers ciel – comme pour échapper à leur propre pesanteur.