Auguste et Louis Lumière
Lumière! Le cinéma inventé
L’année 2015 marquera les 120 ans de l’invention du Cinématographe Lumière dont l’Institut Lumière organisera la célébration avec le soutien du CNC, du Ministère de la Culture et de la Communication, de la Ville de Lyon, de la Métropole de Lyon, de la Région Rhône-Alpes, du Musée des Confluences, de BNP Paribas, de Corniche Pictures et de Chopard.
Les deux points d’orgue de cette célébration seront la restauration en numérique 4K de 200 films Lumière réalisée avec le soutien du CNC et de la Fondation du patrimoine grâce au mécénat de la Fondation d’entreprise Total, et une exposition au Grand Palais à Paris, qui redira la splendeur et l’importance de «l’aventure Lumière» dans une ville qui a compté dans son histoire.
Pour la première fois, et dans ce lieu unique qu’est le Grand Palais (construit pour l’Exposition universelle de 1900 dont Louis et Auguste furent parmi les grandes figures), Paris accueillera l’exposition «Lumière! Le cinéma inventé» du 27 mars au 14 juin 2015. Le projet est d’offrir dans le Salon d’Honneur du bâtiment parisien une exposition consacrée à l’épopée du Cinématographe et à toute l’œuvre de la famille Lumière. L’ensemble sera abordé de façon renouvelée: on dépassera la seule tradition visant à faire de Louis Lumière (et de son frère Auguste) un inventeur et un génie de la technique, une sorte de Monsieur Jourdain qui inventait le cinéma sans le savoir, pour montrer en quoi son œuvre est d’une richesse, d’une créativité et d’une modernité parfaitement méconnues.
Car les Lumière, ça n’est pas seulement le cinéma, c’est aussi une vie dédiée aux images dont, en 1903, l’invention de la photographie en couleurs: les Autochromes. Ainsi, l’exposition abordera l’invention du Cinématographe mais aussi les autres dimensions de l’épopée industrielle et artistique de la famille Lumière. Une famille dont le père, Antoine, peintre et photographe, amateur du Kinétoscope Edison, ami de Nadar et des poètes, incita ses enfants à inventer le Cinématographe, Auguste, aîné des deux frères, qui mit au point, entre autres choses, le tulle gras sauvant des milliers de grands brûlés pendant la Grande Guerre, Louis enfin qui consacra sa vie aux images, qu’elles soient fixes ou animées.
Au-delà d’une exposition esthétique, pédagogique et populaire, mais sans omettre pour autant ces aspects, le parcours imaginé par les commissaires Thierry Frémaux et Jacques Gerber et le dispositif scénographique conçu par l’architecte-scénographe Nathalie Crinière, contribueront à montrer les images, fixes et animées, et à retrouver quelque peu de la magie originelle.
Et le faire dans la modernité, et pour cela, nul besoin de démonstration: les images parlent d’elles-mêmes. Ici, une salle de projection reconstituée (le Salon Indien du Grand Café, imaginé par le décorateur Jacques Grange), là un dispositif très contemporain ou encore des écrans programmés et interactifs pour découvrir les 1422 films qui seront montrés pour la première fois dans leur intégralité. Tournée vers une approche moderne d’un matériau précieux, l’exposition retracera la petite et la grande Histoire. Toute entière tournée vers la modernité de l’invention, l’exposition offrira au spectateur un parcours faisant la part belle à l’émotion et à la force de l’écriture cinématographique des films Lumière sans négliger les évolutions technologiques qui ont conduit le cinéma mondial où il est aujourd’hui.
L’exposition abordera également les autres dimensions de l’aventure industrielle et artistique de la famille Lumière: les origines sociales, la photographie en noir et blanc puis en couleur avec les fameux autochromes, les divers procédés mis au point autour du Cinématographe, le site industriel des usines lyonnaises et l’expansion mondiale, le talent du peintre et photographe, Antoine Lumière, ami de Nadar et père des inventeurs.
D’un parti-pris visuel qui bénéficiera des dernières techniques liées au numérique, l’exposition fera appel à la sensibilité des spectateurs et à ses émotions. Elle exposera aussi les trésors des collections de l’Institut Lumière, les archives privées, les appareils, les documents graphiques, ainsi que les archives familiales. Ce «parcours sensible» dans l’esthétique Lumière sera une grande découverte pour ceux, la majorité du public, qui ignorent tout de cette aventure.
Enfin, l’exposition mettra en valeur un événement passé inaperçu tant il fut rapide et naturel: l’apparition du cinéma numérique. En 1995, lors de la précédente commémoration, le cinéma n’avait pas changé depuis 100 ans. Depuis quelques années, le cinéma n’est techniquement plus le même, le numérique ayant définitivement remplacé l’argentique. Aussi l’exposition sera-t-elle l’occasion de saluer ce monde passé autant que de s’interroger sur le devenir des images et sur les territoires du futur technologique que les héritiers de Lumière, d’Edison, de Marey, Demeny ou Muybridge explorent à l’aube du XXIe siècle.
Et si les films de la première séance du Salon Indien seront projetés en 35mm avec les 10 «vues» Lumière restaurées, l’exposition permettra aussi, grâce à des techniques numériques jamais employées dans une exposition, de découvrir l’ensemble du patrimoine Lumière comme on ne l’a jamais vu.