L’exposition « Je est un.e autre » au Fonds régional d’art contemporain Poitou-Charentes, à Angoulême, revisite l’art du portrait à travers les photographies, peintures, installations, vidéos et textes d’une vingtaine d’artistes qui témoignent de l’évolution de ce genre académique à travers le modernisme.
« Je est un.e autre » : une vision moderne du portrait
Le titre de l’exposition « Je est un.e autre » reprend la formule utilisée par Arthur Rimbaud pour décrire son expérience du processus créatif. Il exprimait ainsi l’idée que l’artiste, comme désolidarisé de sa création, assiste à la naissance de son œuvre. Il s’éloignait ainsi de la conception cartésienne faisant du moi un sujet concret et affirmé, et lui substituait la vision d’un sujet poreux, perméable aux influences extérieures et ouvert à l’altérité.
Nourrie de cette vision rimbaldienne, l’exposition propose une exploration du portrait, un grand genre académique, qui a su traverser l’époque moderne en se renouvelant, au gré de l’histoire de l’art, des idées et des techniques. Sous la forme de photographies, peintures, installations, vidéos et textes, les œuvres témoignent des subjectivités inédites dont le portrait s’est peu à peu chargé.
Dix photographies issues de la série Nature humaine, réalisée entre 2009 et 2011 par Alexandra Pouzet s’intéressent à la construction identitaire dans la société contemporaine, où priment le corps et l’image qu’il renvoie. La photographe dénonce les contradictions de cette attention exclusive portée au corps et à ses multiples attributs, perçus comme le reflet des êtres, quand ils jouent en fait un rôle de masques, de filtres déformants.
John Currin, Natacha Lesueur, Brice Dellsperger revisitent le portrait
Des peintures comme Sociology Professor et Sophomore de John Currin témoignent de la façon dont l’artiste américain a redéfini le portrait contemporain à travers ses représentations de figures humaines, souvent féminines, qui mêlent élégance et impudeur.
Des photographies de Sarah Jones, Natacha Lesueur, Regina Möller, Zanele Muholi, Athi Patra Ruga, Bruno Serralongue, Olivier Zabat et Jean-Marc Tingaud, aux peintures de Julia Wachtel, Abel Techer, Ernest T., en passant par les installations d’Edouard Boyer, Serge Comte, Ludovic Chemarin et les vidéos de Brice Dellsperger, les œuvres captent de multiples travestissements, accessoires, transformations, attitudes, pour mieux explorer les rapports entre image et identité.