ART | EXPO

Lucy Skaer

16 Avr - 28 Mai 2011
Vernissage le 16 Avr 2011

Les œuvres de Lucy Skaer explorent les mécanismes par lesquels nous donnons du sens aux choses que nous croyons connaître: chefs-d’œuvre célèbres, agrandis et redessinés; extraits de vieux films retravaillés jusqu’à l’abstraction; accessoires de notre environnement quotidien réduits à l’empreinte de leur forme.

Lucy Skaer

Depuis quelques années, Lucy Skaer poursuit une recherche transversale qui allie le dessin et l’impression de grand format à la sculpture et au film. Au sein de ses installations multiformes, chaque œuvre prise isolément examine un aspect différent d’une méthode de travail où les objets et les images, à la fois reconnaissables et abstraits, sont transformés par toutes sortes de manipulations, répétitions et décalages d’échelle. L’artiste y incorpore en outre son vocabulaire personnel de figures géométriques élémentaires.

Par-delà leur diversité apparente, toutes ses œuvres explorent les mécanismes par lesquels nous donnons du sens aux choses que nous croyons connaître: photos de presse reproduisant des chefs-d’œuvre célèbres, agrandies et redessinées; extraits de vieux films retravaillés jusqu’à l’abstraction; morceaux épars recomposés; accessoires de notre environnement quotidien réduits à l’empreinte de leur forme. Toutes ces interventions de l’artiste provoquent une perte de repères et une déformation du sens alors même qu’elles donnent le jour à des objets à la fois beaux et justes dans leurs significations nouvelles.

Pour sa première exposition à la Galerie Nelson-Freeman, Lucy Skaer a créé plusieurs installations réunissant des œuvres entièrement inédites. Elle présente notamment deux grandes sérigraphies d’un des panneaux de La Bataille de San Romano de Paolo Uccello (National Gallery, Londres), d’après une reproduction découpée dans la presse, et agrandie aux dimensions du tableau réel. Les deux tirages opèrent une séparation des quatre couleurs d’impression, cyan, magenta, jaune et noir, et incluent d’autres éléments graphiques ou géométriques qui renvoient aux composantes sculpturales de l’installation (dont certains en chêne datant de la même période que le tableau d’Uccello). La bataille se rejoue dans la galerie sur un mode ludique.

Dans la série, Blanks Toward Harlequin, l’artiste a appliqué des aplats de couleurs vives sur des tirages réalisés d’après des portraits de la Renaissance de la National Gallery. Elle en a éliminé les personnages dont la silhouette vide se découpe sur l’arrière-plan monochrome. Une histoire du portrait se trouve ainsi reconvertie en un paysage parcouru par la tension entre la géométrie abstraite de Lucy Skaer et celle de l’image fantôme. L’introduction des losanges multicolores de l’habit d’Arlequin témoigne de l’attirance de l’artiste pour la figure du fou ou du bouffon, liée au désordre, à l’utopie et à l’absurde. Ces œuvres, comme souvent chez Lucy Skaer, élargissent notre champ d’appréhension de l’univers familier en le rattachant à l’art tel que nous croyons le connaître.

L’installation Renegotiate associe film et sculpture. Lucy Skaer réduit à une seule longue scène le film muet d’avant-garde Borderline tourné en 1930 par le Pool Group, composé de la poétesse Hilda Doolittle (dite H.D.), du cinéaste Kenneth Macpherson et de la romancière Winifred Bryher. Dans cette scène de tension entre deux personnages, l’artiste insère une forme abstraite mouvante en perforant les photogrammes avec un instrument utilisé autrefois par les poinçonneurs dans les gares. Des sculptures en verre répliquent l’image du poinçon qui défile en boucle, en bousculant la perception des formes et la logique narrative.

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