Communiqué de presse
Luca Rento
Luca Rento
À Digne, Luca Rento a saisi la forte résonance de la pensée totalisante et cosmique de Pierre Gassendi et il l’a traduite en des images, en des sons qui ne transcrivent pas les mémoires ténues et particulières d’un territoire mais qui trouvent le souffle et l’ampleur du regard du philosophe, regard qui se tourne vers l’infini du ciel autant qu’il s’abîme dans les replis de la matière, à la recherche de l’infinitésimale réalité de l’atome.
Luca Rento a reconnu dans la pensée de Gassendi un axe essentiel et visuel qui relie le zénith aux profondeurs du moi, qui trace une ligne joignant l’étoile lointaine à la petitesse de l’individu qui, de l’esprit et du regard reparcourt et mesure les trajectoires harmoniques de ces atomi lucifical dont parlait le philosophe.
Les images vidéo de Luca Rento capturées dans l’obscurité de la nuit, sans éclairages artificiels, seulement à travers l’ouverture maximum du diaphragme, comme le ferait un astronome, semblent posséder le mouvement continu et atomisé de l’univers conçu par Démocrite et la pure beauté de certaines pages de Lucrèce.
Mais ce n’est pas seulement cette tradition atomiste et la fascination du cosmos que Luca Rento accueille et semble reconnaître comme propres dans la pensée de Gassendi.
Il y trouve également l’introduction d’un concept incontournable pour la compréhension de l’oeuvre entière de Rento, ce temps absolu que Descartes avait nié et dont Gassendi pose l’existence avant même le début de la création divine et dans lequel le principe cartésien du plein accueille la présence du vide ; ce temps absolu c’est celui que Luca Rento re-évoque dès ses premières oeuvres, temps où instant et éternité s’effleurent dans la stase infinie et l’infini mouvement où des principes dialectiquement opposés sont constamment évoqués.
Le regard de l’astronome qui depuis la vallée millénaire de Digne traversa les époques et les ères est ce même regard qui dans une oeuvre présentée dans cette exposition par l’artiste devient dialogue inépuisable entre le bref temps de l’homme et le temps éternel d’une roche.